L’édito du président
Jean-Rémi GIRARD
Edito de la revue Quinzaine universitaire n°1504 – école du 5 septembre 2025
En cette rentrée, le SNALC est évidemment conscient de la situation politique de notre pays. Il tient à rappeler l’importance des corps intermédiaires, que nos gouvernants ont trop négligés. En tant que président du SNALC, je sais que l’absence de prise en compte des corps intermédiaires ne peut que mener à une déconnexion entre nos dirigeants et celles et ceux qu’ils dirigent, vers un avenir qui fait tout sauf envie.
Le point de rupture est atteint dans l’Éducation nationale, et le SNALC l’a fait savoir. Mais contrairement à ce qui figure dans les discours de notre classe politique, l’Éducation n’est pas une priorité. Pour preuve, notre dernière ministre en date, qui n’a même pas cherché à rencontrer l’ensemble des organisations représentatives après sa prise de poste. Quand le mépris est aussi clairement exprimé, il ne faut pas s’étonner de récolter des épines plutôt que des fleurs, car c’est avant tout une preuve qu’on n’est pas à la hauteur de l’importante mission qui vous est confiée. Ou qu’on ne la prend pas au sérieux, ce qui est pire, mais plus probable.
Reste une crise, béante, que la situation actuelle ne risque pas de résorber. La crise d’une institution essentielle à la République, qui n’assure plus que difficilement ses missions, faisant tout reposer sur la bonne volonté et le sens civique de personnels déconsidérés.
Les constats sont connus. Des professeurs des écoles sous-payés par rapport à leur fonction et à leur niveau d’étude. Une crise des recrutements qui touche désormais le premier degré. Une école inclusive au rabais, source de souffrance pour tous. Une médecine scolaire et du travail qui ont quasiment disparu. Des mutations de plus en plus difficiles à obtenir, dont le modus operandi a été volontairement rendu opaque et dysfonctionnel avec la loi de transformation de la fonction publique. Une direction d’école sur laquelle on accumule de plus en plus de tâches et de responsabilités, sans reconnaissance ni aide.
Ce ne sont pas une énième réforme de la formation initiale ou des changements (encore !) de programmes qui apporteront de l’espoir à nos collègues. Face à la situation, le SNALC demeure une aide, une ressource, un lanceur d’alerte. Nous continuons de porter la vision d’une école exigeante, fondée sur la transmission des savoirs par des personnels bien payés et considérés. Nous continuons de demander le rattrapage salarial auquel nous avons droit. Nous connaissons la situation du pays, mais l’École ne peut et ne doit pas être une variable d’ajustement. Le pays tout entier y a trop à perdre.
C’est pour cela que le SNALC se battra, quels que soient ses interlocuteurs, pour un budget qui préserve notre École, qui donne enfin des perspectives positives aux collègues, et qui s’inscrive dans une vision à long terme, et non dans une succession de mesurettes et de coups de com’ sans lendemain. Nous utiliserons tous les moyens à notre disposition : l’alerte aux politiques, la qualité de nos analyses auprès des journalistes, un préavis de grève déposé et couvrant l’ensemble de l’année scolaire pour pouvoir être réactifs. Et plus que jamais, nous continuerons d’incarner un syndicalisme humaniste, qui écoute chaque collègue, guide, conseille, aide, soutient, que ce soit pour rester ou pour quitter le navire.