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Poudre d’amiante et poudre aux yeux

© freepik.com_Anastasia Kazakova_2513

Ce texte a été rédigé d’après une situation observée dans l’académie de Strasbourg.

Dans l’Éducation nationale, certaines formations à destination des enseignants frisent l’absurde, à commencer par celle portant sur les risques liés à l’amiante. Destinée aux membres du CSA de l’académie de Strasbourg ou de la formation spécialisée (ex-CHSCT), elle illustre parfaitement le décalage entre bureaucratie et réalité de terrain. Comment des enseignants peuvent-ils agir efficacement face à une plaque de faux plafond douteuse ? À part alerter une hiérarchie déjà engluée dans des procédures interminables, ils ont peu de marge de manœuvre.

Or, ils sont contraints de suivre des modules creux sans utilité concrète pour leur métier. On y parle de médecine du travail, de métiers du bâtiment, liés aux travaux de rénovation, de l’extraction de l’amiante, de DTA, de symptômes liés à une exposition prolongée, mais toutes ces affections ne cochent pas les cases standardisées des « tableaux » dédiés aux maladies professionnelles de l’Éducation nationale, d’autant plus que ces symptômes apparaissent après 40 ans d’activité professionnelle dans des établissements scolaires, parfois nombreux dans une carrière d’enseignant.

L’amiante, anciennement nommé « asbeste », est un terme désignant certains minéraux à texture fibreuse utilisés dans l’industrie. Il a été  classé comme substance cancérigène avérée pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) depuis 1977. Au vu des preuves irréfutables de sa dangerosité, son usage a été totalement interdit en France au 1er janvier 1997, soit vingt ans après le constat du CIRC. Il est donc indispensable de faire réaliser un diagnostic dans les bâtiments construits avant le 1er juillet 1997 pour repérer les matériaux et produits amiantés présents et évaluer leur état de conservation. Cependant, une majorité de matériaux amiantés présents dans les bâtiments, largement introduits dans les années 60 à 80, sont encore en place aujourd’hui. Ils peuvent être retrouvés dans les toitures en amiante-ciment, plaques de faux plafonds, gaines de canalisations, enduits, dalles de sol en vinyle, joints d’étanchéité, conduits de cheminée…

Les professeurs exposés quotidiennement à l’amiante auront incontestablement des difficultés à prouver le lien de cause à effet entre l’exposition et le tableau clinique dûment constaté des années après.

La question de l’amiante est en effet l’une des plus graves que l’Observatoire national de la sécurité ait eu à traiter et constitue par là-même un enjeu de santé publique. Or, L’Observatoire a été supprimé en 2019 selon la volonté politique du Premier ministre Édouard Philippe. M. Blanquer, alors ministre de l’Éducation nationale, ne s’en est pas offusqué outre mesure. En 2016, ce même Observatoire national de la sécurité et de l’accessibilité des établissements d’enseignement a mené une enquête, à la demande de l’Éducation nationale. L’enquête a porté sur près de 20 000 établissements, soit un tiers du total.

Parmi les établissements construits avant 1997, 80% des lycées professionnels, 77% des lycées généraux et technologiques, 73% des collèges et 38% des écoles contiennent de l’amiante.

Les écoles construites avant cette date (comme les écoles de type Pailleron, par exemple) doivent fournir un diagnostic qui permet de localiser la présence du matériau et de lister les travaux à réaliser.

Sur les établissements concernés par cette enquête, 5 847 ont reconnu ne pas avoir réalisé le dossier technique amiante (DTA), soit plus du quart.

De plus, 70% affirmaient que le dernier contrôle remontait à plus de trois ans, seuil au-delà duquel une actualisation doit être réalisée.

Citons, à titre d’exemple, la présence d’amiante dans les locaux du lycée Jean Rostand de Strasbourg. En 2021, le rectorat avait réussi à se procurer le DTA du bâtiment A (23/11/2009), du gymnase (23/11/2009) et des bâtiments C et D (13/01/1997 – flocage et calorifugeage). Sur ces documents, il est précisé qu’un DTA doit être réalisé avant déconstruction (voir photo). Au préalable, la médecine de prévention avait été saisie en août 2020 pour vérifier les conditions de travail dans les laboratoires du lycée qui ont fait l’objet de plusieurs signalements, depuis l’emménagement dans les nouveaux bâtiments en 2008, pour défaut de ventilation notamment. Des problèmes d’odeurs et de circulation possible de polluants entre le laboratoire de maintenance et la serre seraient notamment à l’origine de troubles divers chez des élèves et des personnels, tels que dermatites irritatives, sécheresses oculaires et pharyngées, céphalées, rhinites et saignements de nez, symptômes disparaissant pendant les périodes de congé.

Le sujet est toujours d’actualité, nous en voulons pour preuve la prochaine mise en œuvre du plan d’action ministériel pour la prévention du risque amiante sur la période 2025-2027. Seront exploitées à cette fin les données relatives à la prévention du risque amiante issues du questionnaire annuel santé et sécurité au travail de la DGRH renseigné par les académies, les résultats de l’enquête amiante 2024 dans les écoles et les établissements de la cellule du bâti scolaire, les propositions formulées par les organisations syndicales dans le cadre des travaux de la formation spécialisée du CSA ministériel.

Il s’agit de savoir si ces bâtiments fréquentés régulièrement par les élèves et les professeurs contiennent toujours de l’amiante et si ce matériau a pu se disperser, au lieu de rester cantonné dans les plafonds. Si la contamination est avérée, les personnels concernés pourront-ils réclamer des dommages et intérêts ? Il faut savoir qu’un retraité qui déclare un cancer, consécutif à une exposition pérenne à l’amiante, pourra demander des comptes ; en effet, ce dernier conserve le statut de fonctionnaire, même à la retraite. La présence d’amiante dans les établissements construits avant 1997 est une véritable bombe à retardement. Le Docteur Dominique Michel Courtois, Président de l’Association SOS Amiante, a alerté l’opinion publique dès 2016 et a réclamé des actions immédiates de la part des collectivités locales et départementales (en charge de l’entretien des bâtiments), de l’Éducation Nationale, mais aussi des instances gouvernementales.

Le SNALC Strasbourg saisit cette occasion pour alerter sur la pénurie de recrutement des médecins de prévention qui nuit gravement au dépistage des maladies professionnelles des agents exposés. Dans cette perspective, les membres des équipes pluridisciplinaires de médecine de prévention devront être sensibilisés au risque amiante, ce que prévoit le futur plan d’action ministériel. Par ailleurs, ces formations à l’adresse des enseignants relèvent davantage du réflexe administratif de protection que d’une véritable prévention. Elles gaspillent un temps précieux qui pourrait être consacré soit à la pédagogie proprement dite, notre cœur de métier, soit à la dépollution effective des lieux contaminés, au lieu de rassurer l’institution sur son respect des normes. Pour bon nombre d’entre nous, il s’agit d’un simulacre de sensibilisation, d’un écran de fumée pour éviter d’agir en profondeur sur la vétusté des bâtiments. Une mascarade bien rodée, mais parfaitement stérile, en l’absence d’espèces sonnantes et trébuchantes pour mettre en œuvre les mesures annoncées. Le réveil concernant cette question maintes fois évoquée dans les médias est bien tardif !

Le SNALC Strasbourg exige une véritable réflexion sur la rénovation du bâti scolaire, mais aussi des actes (désamiantage des bâtiments incriminés, isolation) pour le bien-être et la santé de tous.

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