Du 17 au 22 mars 2025 aura lieu la 10e édition de la semaine des langues. Un anniversaire célébré sous le slogan : « Des langues pour créer, innover et s’engager ! »[1]
Cette pédagogie de projet vise « à promouvoir les langues et la diversité linguistique ». Toutefois le SNALC regrette l’absence des langues anciennes dans une manifestation où elles auraient pu avoir toute leur place en termes d’apport linguistique, culturel, et de « valorisation de l’inter-langue » prônée sur Éduscol. Au lieu de cela, l’objectif affiché est principalement « de valoriser le plurilinguisme », et « d’inciter à la mobilité et à l’ouverture internationale. » Bref, un programme « ambitieux » qui destine à mots à peine couverts les élèves à leur future employabilité.
Voilà pour la version officielle. Passons à ses déclinaisons au niveau académique.
À Nancy-Metz, la lecture tout au moins originale des textes officiels que font les inspecteurs référents de la semaine des langues vaut le détour. Pour un peu, leur courrier ferait spammer d’admiration…
Vous donnez votre langue au tchat ? Lisons :
« Montrer la plus-value des usages du numérique, un atout pour l’enseignement des langues vivantes. »
Par-delà le registre de langue, plus digne de spécialistes d’économie financière que de linguistes, cette consigne première donne le ton : il en advient une curieuse inversion des priorités. Elle fait du numérique l’alpha et l’oméga de l’enseignement, et des enseignants, les promoteurs de cet outil.
Pour le SNALC, les TICE ne peuvent revêtir de pertinence réelle qu’aux conditions suivantes :
-qu’ils soient mis au service des apprentissages par des experts qualifiés (en l’occurrence, les professeurs) ;
-que leur utilisation relève exclusivement de la liberté pédagogique de l’enseignant, inscrite à l’Art. L912-1-1 du code de l’éducation.
Alors que l’impact négatif du numérique sur les performances scolaires est clairement démontré par la recherche[2], un tel « numericus clausus » reflète une technofrénésie aussi étonnante que dépassée.
Errare humanum est, perseverare diabolicum !
[1] https://eduscol.education.fr/3538/semaine-des-langues
[2] Voir Michel Desmurget, La fabrique du crétin digital, Points, 2020, pp.258-287.
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1499 du 14 mars 2025