Le département statistique du ministère (la DEPP), publie chaque année un « panorama statistique des personnels de l’enseignement scolaire ». Ce document de quasiment 400 pages compile et analyse avec minutie les données concernant les personnels. Cette année, les statistiques relatives aux AESH, APSH et AED (accompagnants des personnels en situation de handicap) sont beaucoup plus précises et complètes que dans les éditions précédentes et dévoilent des vérités brutes, dont le SNALC fait l’analyse.
Quelles évolutions marquantes pour les AESH ces dernières années ?
Le rapport apporte quelques éléments intéressants qui permettent dans un premier temps de dessiner un portrait des AESH : 93% d’entre eux sont des femmes et leur âge moyen est de 45,3 ans. 16% ont moins de 35 ans quand 38% ont plus de 50 ans.
Le nombre global d’AESH a augmenté de 6% entre les années scolaires 2022-23 et 2023-24.
La part des AESH atteint désormais 10.8% des personnels de l’Education nationale (128466 AESH, soit 81164 en équivalent temps plein). Les AESH sont quasiment aussi nombreux que les enseignants de l’enseignement privé (1er et 2nd degrés confondus).
Par ailleurs, le nombre d’AESH ayant un contrat en CDI a triplé en un an. En raison de la possibilité d’accéder à ces contrats au bout de 3 ans d’exercice en CDD, 61% des accompagnants sont désormais en CDI.
Une situation dramatique que les chiffres ne peuvent masquer
Si le nombre de CDI est en hausse, celui des AESH à temps incomplet imposé par l’employeur est resté dramatiquement stable, plafonnant à 97,7% des personnels !
La quotité de travail moyenne est d’ailleurs de 63,2 %. A noter que les AESH qui exercent dans le premier degré ont une quotité plus basse (61.5%) que celle des AESH qui exercent dans le secondaire (68.6%).
Pour autant, pour l’immense majorité, ce temps incomplet entraîne une rémunération éhontément basse. D’après la DEPP, en 2022, elle était en moyenne de 900€ nets par mois. Le SNALC remarque que le rapport ne s’étend pas sur ce sujet de la rémunération : seule une demi-page lui est consacré alors que la répartition des AESH par académie en compte deux… Doit-on y voir un reflet de l’intérêt -ou plutôt du désintérêt – que porte notre ministère à la rémunération des accompagnants ?
Le bien-être au travail des AESH : « non, ça ne va pas ! »
Pour la première fois, le bien-être au travail des AESH est présenté dans un panorama statistique de la DEPP.
Sans surprise, seuls 21% des AESH interrogés ont déclaré être satisfaits de leur niveau de rémunération. La satisfaction liée aux perspectives de carrière est également très basse puisqu’elle n’excède pas les 23%.
Enfin, le sentiment de valorisation du métier dans la société ne dépasse pas 24%. Pour ces trois items, la satisfaction des AESH est plus basse que celle des autres personnels de l’Education nationale.
Là encore, le rapport ne s’étend pas sur le sujet… Les chiffres parlent d’eux-mêmes !
APSH : les laissés-pour-compte de l’Éducation nationale ?
Les APSH sont les accompagnants des personnels en situation de handicap. Ils peuvent intervenir aussi bien auprès d’enseignants du premier degré, du secondaire ou d’autres personnels.
Quelques lignes leur sont consacrées dans le document de la DEPP : ils sont recrutés sur des contrats d’AESH car le statut d’APSH n’existe pas. Notons que le nombre d’APSH baisse régulièrement depuis 2020 (-8%).
À la rentrée 2023, il restait 590 APSH qui exerçaient pour un peu plus d’un tiers auprès de professeurs des écoles. Les 66% restants exerçaient dans le secondaire.
Le SNALC regrette que les APSH n’apparaissent pas encore officiellement dans les textes concernant les AESH, notamment le cadre de gestion de ces personnels, et milite activement pour que leurs contrats et leurs conditions de travail évoluent. N’oublions pas que l’accès des APSH au CDI est encore un parcours du combattant.
AED, des chiffres plus que partiels
Les chiffres donnés dans ce rapport sur la situation des AED au sein de l’institution sont en quantité très – trop – limitée.
On y apprend néanmoins qu’il y avait 50397 AED en 2023-24 (en équivalent temps plein), dont 54% à temps incomplet imposé. La quotité moyenne est de 79,6%, ce qui a des implications financières lourdes.
La moyenne d’âge de ces personnels est de 30 ans et ce sont majoritairement des femmes (61,3%).
La rémunération est à peine évoquée (possibilité de faire des heures supplémentaires, augmentation de 10 points d’indice lors du passage en CDI) mais les données restent imprécises. De même, le bien-être au travail n’a pas été évalué pour les AED…
Si les données statistiques de la DEPP sont intéressantes, elles ne peuvent occulter ce que les personnels et le SNALC savent déjà : la rémunération, les contrats (le CDI n’étant en aucun cas un statut de fonctionnaire) et la reconnaissance ne sont pas au niveau des ambitions qu’il faut avoir pour les accompagnants et les assistants.
Le SNALC continuera donc de donner de la voix pour porter celle des AED, des AESH et des APSH. Gageons qu’ainsi, les prochaines statistiques de la DEPP témoigneront de réelles progressions pour ces personnels.