Dispositif efficace ?
Entendons-nous bien. Le SNALC ne remet pas en cause l’utilité du port du masque pour les élèves afin de réduire la propagation virale, le système hospitalier implosant. En revanche, nous pouvons questionner le choix qu’a fait le ministère de ne pas accompagner ce port du masque d’autres mesures.
Si, sur le papier, le port du masque pour tous semble efficace, les PE savaient que cette mesure serait difficilement applicable à l’école. Comment imaginer que des enfants de 6 ans pourraient supporter le masque à longueur de journée, y compris pendant les récréations ?
Comment imaginer qu’à aucun moment ils ne le toucheraient, ne le retireraient, ne le perdraient ? Les enfants sont incapables de porter durablement et correctement le masque. Leurs erreurs anéantissent les effets d’un port de masque rigoureux. Même avec bonne volonté et pédagogie, nous ne pouvons pas empêcher les plus jeunes de toucher et retirer un masque qui les gêne, les gratte, les irrite. Par ailleurs, il est impossible d’aider nos élèves en manipulant leurs masques, au risque d’être contaminés ou de contaminer l’enfant.
Mais là encore, ce n’est qu’une partie du problème. Car au lieu de faire classe, nous devons nous occuper des masques oubliés, perdus, volés, échangés, tombés par terre, trop petits, trop grands, déchirés, mal portés… et de toute la communication envers les parents qui en découle.
Après avoir géré la circulation dans les écoles en mai, après avoir fait la police des mains lavées en septembre, les PE se sont transformés en brigade du masque en novembre ! Les directeurs ont ajouté à leurs fonctions l’accueil de parents inquiets (ou très en colère).
Le masque de la discorde
De plus en plus de parents tolèrent mal que leurs enfants subissent le port du masque qui a pourtant démontré, même s’il n’est pas imparable contre la transmission du virus, au moins une amélioration du facteur de protection entre individus.
Cette protestation peut se manifester par un oubli plus ou moins volontaire du masque, oubli qui peut vite se transformer en résistance active et manifeste, quand cela n’en vient pas à des menaces proférées par certains parents envers professeurs, directeurs et directrices d’école.
Quelques parents vont même jusqu’à militer très ouvertement contre le port du masque, encourageant d’autres parents à les rejoindre. C’est une résistance affichée et assumée, lettre à l’attention du directeur à l’appui. Cette contestation décomplexée ne manquera pas d’attirer des ennuis aux équipes enseignantes, prises entre le marteau et l’enclume, entre les parents vindicatifs et l’Education nationale leur demandant de faire respecter les directives sanitaires. La situation, indélicate, est parfois déjà devenue explosive.
Continuer à avancer
Une fois les élèves masqués, il nous faut enseigner en nous heurtant à de nouveaux obstacles. Comment aider ceux qui ont leurs lunettes pleines de buée ? Comment enseigner la phonologie en CP ? Les langues vivantes ? Le chant ? Comment gérer masques et distanciation durant l’EPS ? Comment entendre les élèves qui ont une voix fluette ? Comment aider les élèves qui en ont besoin quand notre temps de classe est rongé par le protocole sanitaire ? S’il est essentiel pour les élèves de continuer leurs apprentissages, ils sont entravés de nombreuses contraintes quasi insurmontables.
Le 5 juin dernier, notre ministre déclarait : « Si le virus est toujours là à la rentrée, il y aura toujours la règle des groupes restreints. » Nous pouvons légitimement nous demander pourquoi notre ministre ne tient pas sa parole. L’obligation du masque à 6 ans ne suffit pas et l’accueil en demi-classes serait primordial pour pouvoir enseigner dignement.
Les autres élèves pourraient être accueillis avec un dispositif que le ministère a eu le temps de préparer depuis le mois de juillet…ou pas ?