Fin 2024, le choix crucial des membres du gouvernement, dont celui du ministre de l’Éducation nationale, aurait dû être au cœur des préoccupations des Français. Ce n’était pas vraiment le cas. Il faut dire que les tensions qui dominent dans la société, y compris au plus haut sommet de l’État, sont devenues insupportables. D’ailleurs, même les téléspectateurs les plus friands des débats d’idées ont fini par fuir les chaînes d’information, lassés de cette téléréalité politique lamentable et sans fin.
À l’Éducation nationale, la lassitude – voire la saturation – commence à se répandre. Les professeurs attendent depuis des années un ministre véritablement proche de leur réalité, idéalement issu de leurs rangs : une personne pragmatique, qui connaisse parfaitement les problèmes, les contraintes et les attentes réelles de la profession. Malheureusement, la tendance à déplacer les ministres d’un ministère à l’autre montre que les nominations sont dictées par des stratégies bien éloignées des préoccupations concrètes.
Cette valse incessante de ministres fait quelque peu tourner la politique éducative comme une girouette au gré des changements. Les orientations, les règles et les objectifs ne cessent de fluctuer. Chaque nouvelle prise de fonction s’accompagne de nouvelles directives qui dispersent davantage l’École et engendrent inévitablement de nouvelles injonctions à tous les niveaux de la hiérarchie. Ces remises en question systématiques alimentent tensions et conflits au sein et autour des écoles : entre adjoints, directeurs, inspecteurs de l’Éducation nationale ou encore parents d’élèves. Une situation qui ajoute à un métier déjà très complexe un poids supplémentaire dont il pourrait bien se passer.
Plus que jamais, notre système éducatif a besoin de stabilité. Cela commence par une continuité au sein des équipes ministérielles, qui offrirait un temps de répit indispensable pour que les écoles puissent se réorganiser et se recentrer sur ce qui compte vraiment, à savoir la qualité des apprentissages. Pour ce faire, il est impératif de restaurer une sérénité indispensable à l’exercice de notre métier.
Que 2025 marque ce tournant tant espéré pour une École plus stable, mieux respectée et à la hauteur des attentes de ceux qui lui consacrent leur vie. Mais avant tout, puisse cette nouvelle année vous apporter du bonheur !
Article publié dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1497 – École du 17 janvier 2024