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RTL – Rentrée des professeurs dans quel contexte ?

« dire que la rentrée est prête et que tout va bien se passer, je pense que ce serait ni plus ni moins qu'un mensonge. Il y a des problèmes de fond, et des éléments nouveaux viennent s'ajouter à cette rentrée, ce qui crée de la confusion, de l'incertitude, et aussi des craintes. Nous sommes donc confrontés à une grande instabilité dès le début.»
Maxime Reppert
Vice-président du SNALC

Les enseignants qui effectuent aujourd’hui leur rentrée des classes. Ils sont plus de 850 000 à reprendre le chemin de leur école, collège ou lycée, dans un contexte de pénurie d’enseignants, comme on le sait. Un dossier chaud concerne les collèges : la mise en place des groupes de besoins en français et en maths, qui touchera les classes de 6e et de 5e.

RENTRÉE DES PROFESSEURS – Maxime Reppert, Vice-président du syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur est l’invité de RTL Midi le 30 août 2024.

RTL – Vincent Parizeau

Eh oui, avant les élèves, ce sont les enseignants qui effectuent aujourd’hui leur rentrée des classes. Ils sont plus de 850 000 à reprendre le chemin de leur école, collège ou lycée, dans un contexte de pénurie d’enseignants, comme on le sait. Un dossier chaud concerne les collèges : la mise en place des groupes de besoins en français et en maths, qui touchera les classes de 6e et de 5e.

RTL – Céline Landreau

Bonjour Maxime Reppert.
 

SNALC – Maxime Reppert

Bonjour.

RTL – Céline Landreau

Vous êtes le vice-président du Syndicat national des collèges et lycées. Une rentrée comme celle-ci, sans ministre de plein exercice, est assez atypique, pour le moins. Est-ce que c’est un problème ?
 

SNALC – Maxime Reppert

En tout cas, c’est du jamais vu. Il y a quelques jours, nous avons assisté à une conférence lunaire de la ministre démissionnaire. Alors oui, effectivement, certaines choses ont été mises en place sur le plan technique. Mais de là à dire que la rentrée est prête et que tout va bien se passer, je pense que ce serait ni plus ni moins qu’un mensonge. Il y a des problèmes de fond, et des éléments nouveaux viennent s’ajouter à cette rentrée, ce qui crée de la confusion, de l’incertitude, et aussi des craintes. Nous sommes donc confrontés à une grande instabilité dès le début.

RTL – Vincent Parizeau

Des problèmes de fond, disiez-vous, notamment cette année encore, et peut-être même plus que jamais, la crise du recrutement des enseignants et les problèmes de remplacement. Le ministère a révélé, je crois, en juillet, qu’il y avait encore près de 3 000 postes vacants. Comment fait-on dans cette situation ?

SNALC – Maxime Reppert

3 185 postes vacants. On fait comme on peut, c’est-à-dire que les classes deviennent de plus en plus surchargées. Au lycée, on dépasse allègrement les 30, voire 35 élèves ou plus.

Et que font les différents rectorats ? Ils mettent en place des job datings ou publient des annonces pour tenter de recruter des collègues contractuels. Cependant, on a bien vu il y a quelques années, notamment en région parisienne, que bon nombre de collègues recrutés par ce biais abandonnent au bout de quelques jours, voire quelques semaines. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas été suffisamment formés. Et surtout, parce que la réalité du métier est bien différente de tous les stéréotypes véhiculés sur la profession. Vous savez, on parle de 850 000 enseignants. J’ai même vu des groupes Facebook où l’on parle de 800 000 “feignasses”, à cause de tous les stéréotypes qui circulent sur les enseignants

RTL – Vincent Parizeau

Vous voulez dire que la raison de cette pénurie, ce n’est pas uniquement le salaire ?

SNALC – Maxime Reppert

Il y a aussi la question du salaire. Un enseignant est un fonctionnaire de catégorie A, mais il touche en moyenne 1 000 euros de moins par mois qu’un autre fonctionnaire de catégorie A dans un autre ministère. Vous imaginez ? Un écart de 1 000 euros par mois.

Il y a également le fait que nous n’avons pas de véritable médecine du travail. En effet, il n’y a qu’une seule visite médicale obligatoire pour un enseignant, et c’est au début de sa carrière, lors de son entrée dans le métier. Après cela, il n’y a plus rien. Il n’y a tout simplement pas assez de médecins pour les personnels de l’Éducation nationale.

On constate une augmentation des risques psychosociaux, avec des enseignants de plus en plus surchargés, à qui l’on demande toujours plus. Les réformes s’enchaînent, certaines font et défont des choses, et au milieu de tout cela, il y a un monde qui se sent abandonné et non protégé, d’autant plus qu’il y a une banalisation de la violence.

RTL – Céline Landreau

Maxime Reppert, vous parliez des réformes. Justement, il y a celle des groupes de niveau, aussi appelés groupes de besoin. Est-ce que cela nécessite, par exemple, de mobiliser davantage d’enseignants aujourd’hui ?

SNALC – Maxime Reppert

Au début, on parlait de groupes de niveau, et on avait une idée de ce que cela allait être. Cela s’est transformé ensuite en groupes de besoin. Comme souvent avec les réformes de l’Éducation nationale, on se rend compte que cela a été fait de telle manière que ça ne pouvait pas être bénéfique. Autrement dit, cela a été extrêmement mal organisé.

Déjà, la mise en place a été précipitée, sans tenir compte des avertissements et des conseils des organisations syndicales comme le SNALC, qui avait d’ailleurs alerté Gabriel Attal, puis ses successeurs, sur les dangers d’une mise en place hâtive…

RTL – Vincent Parizeau

Mais ces groupes de besoin vont bien être mis en place. Il n’y aura pas, si je puis dire, de boycott de la part des enseignants sur le terrain ?

SNALC – Maxime Reppert

Ça va être du bricolage. De toute façon, qu’est-ce qui se passe ? Les établissements n’ont pas tous les mêmes moyens pour mettre en place ces réformes. Donc, vous allez déjà constater une fracture géographique. Il y aura déjà une fracture territoriale.

RTL – Céline Landreau

Merci beaucoup Maxime Reppert. Je suis désolée, on est pris par le temps malheureusement, mais on a compris que cette rentrée des profs ne se fait pas dans une grande sérénité cette année, notamment vu la situation politique.

« ...Au début, on parlait de groupes de niveau, et on avait une idée de ce que cela allait être. Cela s'est transformé ensuite en groupes de besoin. Comme souvent avec les réformes de l'Éducation nationale, on se rend compte que cela a été fait de telle manière que cela ne pouvait pas être bénéfique. Autrement dit, cela a été extrêmement mal organisé... »
Maxime Reppert
Vice-président du SNALC