Quatre ans après la mise en place des nouvelles modalités d’évaluation définies dans la circulaire n°2019–219 du 26-09-2019, l’EPS s’est définitivement éloigné d’un référentiel national. Cela aboutit à une inégalité grandissante entre les établissements et parfois entre les élèves d’un même lycée.
L’année de terminale, on évalue par un Contrôle en Cours de Formation (CCF), les dimensions motrices, méthodologiques et sociales dans des APSA, les « attendus de fin de lycée » (AFL). Comment encore parler d’un BAC national quand ces attendus sont différenciés d’un lycée à l’autre y compris dans une même académie ?
- L’AFL 1 correspond à la part motrice de l’activité et compte pour 60 % de la note finale. La performance quand elle est trop faible, et l’élève méritant(e), est pondérée par de la bienveillance et certains « arrangements évaluatifs » (R. Merle, 1996, 1998). Selon l’arrêté du 17-1-2019 (BO spécial n°1 du 22-01-2019) l’élève qui « enrichit sa motricité »,qui « s’engage », qui « s’investit dans des apprentissages quels que soient son niveau d’expertise », qui « sait s’entraîner de façon autonome », qui « construit des comportements sociaux », qui est « solidaire » … peut obtenir une meilleure, voire une bonne note.
- Les AFL 2 et AFL3 concentrent les 40 % restants de la note et correspondent à une évaluation assez floue où l’élève le plus scolaire se trouve souvent récompensé alors même que son niveau de performance reste en-dessous de ce qu’on pourrait attendre d’un élève de 17 ans ayant bénéficié de cours d’EPS depuis l’enseignement primaire.
Alors que les référentiels certificatifs sont aujourd’hui validés par les corps d’inspection académique, on peut constater des différences non négligeables de notes dans les dimensions méthodologiques et sociales entre deux collègues d’un même lycée. L’évaluation des deux derniers attendus ne faisant plus l’objet d’une co-évaluation, elle se réalise tout au long du cycle et reste à la seule appréciation de l’enseignant en charge de son groupe de terminale. On en vient parfois à une course à l’échalote qui pourrait produire à la longue des effets délétères sur une équipe EPS.
Le SNALC veut siffler la fin de cette mascarade et réaffirme sa volonté soit de revenir à des référentiels nationaux, communs à tous les élèves, inéquitables certes mais indiscutables, soit de réformer radicalement les modalités d’évaluation et de la limiter à la seule appréciation de l’investissement des élèves. Pourquoi vouloir maintenir à tout prix la passation d’épreuves alors qu’elles sont une très grande perte de temps et contre-productives ?
En effet, les capacités et aptitudes physiques des élèves étant, tant génétiquement que culturellement, très inégales, l’évaluation classique de leurs performances au cours d’épreuves est dès le départ jouée d’avance, très inéquitable et donc injuste. Cette évaluation stigmatisante, peu valorisante pour la plupart des élèves en décourage beaucoup de poursuivre une activité physique après leur scolarité, ce qui va à rebours des finalités de la discipline.
Au contraire, une note ou une appréciation centrée uniquement sur l’engagement actif des élèves, et des attendus précis en la matière, indépendamment de leurs capacités et performances motrices, mettrait tous les élèves sur un pied d’égalité et serait plus justement valorisante. L’évaluation des performances pures pourrait s’effectuer uniquement en cas de besoin, dans le cadre par exemple de projets d’orientation d’élèves vers des filières où le recrutement se fonde sur les capacités physiques et sportives des postulants.