La rumeur bruissait sur les réseaux sociaux depuis la semaine du 12 février : la parution du nouveau programme limitatif était imminente.
Dans certaines académies, un pré-projet était distribué avec ordre exprès de ne pas diffuser et les enseignants destinataires de l’ébauche, espéraient bien que la version officielle serait plus aboutie. Or, semblable au mot près à cette version, le programme est paru au Bulletin Officiel le 22 février. Fallait-il donc faire tant de mystère, retarder la parution du programme et feindre de consulter les professeurs alors que tout était déjà écrit ? À quel jeu cynique le ministère jouet- il ?
Le programme précédent avec son intitulé « le jeu : futilité ou nécessité ? » et sa dizaine de romans du XVIIIe au XXe siècle pouvait paraître trop littéraire et complexe. Le défaut exactement inverse saute aux yeux dans le nouveau programme : il comprend seulement six oeuvres dont la plus ancienne et la seule connue, parmi des romans pièces et poèmes plutôt confidentiels, est « l’Écume des jours » ! Cerise sur le gâteau, aucune bibliographie de lectures préparatoires n’est prévue …
Quant à la date de parution tardive aussi bien pour les PLP que pour les éditeurs, elle ne nous surprend plus tant nous sommes échaudés par les diverses réformes menées à marche forcée depuis 2017. La question posée « Rythmes et cadences de la vie moderne : quel temps pour soi ? » relève à cet égard, nous l’espérons, de l’humour involontaire dont notre ministère a le secret. Avec un temps d’enseignement amputé d’un mois, la véritable usine à gaz de l’organisation de l’année de terminale et une charge de travail accablante, les professeurs auront en effet tout loisir de méditer au quotidien sur le thème proposé…
Bref, le bilan n’est guère satisfaisant. Ce projet maintenu longtemps quasi secret présente un intérêt pédagogique loin d’être évident ; l’absence d’oeuvres intégrales solides risque de favoriser l’énoncé de banalités. Le ministère a-t-il voulu alléger le programme comme il a raccourci l’année ?
Le SNALC n’approuve en tout cas aucune de ces démarches qui confinent à l’amateurisme voire au cynisme.
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1487