Mot du président
Jean-Rémi GIRARD
Edito de la revue Quinzaine universitaire n°1485 du 26 janvier 2024
On dirait du Balzac.
Les premiers pas de notre nouvelle ministre au MENJSJOP (c’est le sigle de son périmètre) sont un roman feuilleton. Déclarations publiques catastrophiques, enquêtes, rapports planqués dans une armoire et dévoilés juste au bon moment : les rebondissements sont nombreux. Le tout sur fond de débat public/privé, de contournement de ParcourSup et de petits arrangements entre amis. Si l’on n’était intéressé que par la comédie humaine, on attendrait avec impatience l’épisode suivant.
Le souci, c’est que pendant ce temps, l’École va toujours aussi mal. Le rattrapage salarial pour 2024 ? Pour les enseignants, c’est zéro euro ; pour les autres, pas beaucoup plus. La gestion du calendrier de l’année et des DHG pour la mise en place des groupes de niveau en 6e et 5e à la rentrée prochaine ? Le SNALC alerte sur ce point depuis plusieurs mois ; l’administration nous avait promis « de la dentelle » : ce sera du gros œuvre, et on n’a pas acheté assez de ciment. L’art de flinguer des mesures intéressantes demeure la grande spécialité de l’Éducation nationale. On se demande déjà comment ils vont pouvoir rater le nouveau DNB et la prépa-lycée qui pourtant, sur le papier, ont l’air très bien.
Côté école inclusive, le SNALC attend les groupes de travail promis depuis maintenant un an, le bilan des PIAL, et continue de dénoncer une politique de façade qui crée de la souffrance chez les élèves comme chez les personnels. Gabriel Attal s’était engagé à ce que les organisations représentatives, dont le SNALC, siègent enfin au comité de suivi de l’inclusion scolaire pour y porter la réalité du terrain : espérons que l’actuelle ministre trouvera plus rapidement ce dossier sur son bureau que le rapport de l’Inspection générale sur Stanislas.
Car le SNALC sait que l’écume politique est de peu d’importance, et ne perd jamais l’essentiel de vue. L’essentiel, ce n’est pas la personne de la ministre, ni d’ailleurs le lieu où elle scolarise ses enfants. L’essentiel, c’est que notre ministre nous a craché dessus dès sa première prise de parole publique alors que tous les voyants sont au rouge.
Dès lors, comment lui accorder le moindre crédit ? En une semaine, elle a pulvérisé quatre mois de travail de son prédécesseur devenu depuis premier ministre. Comment ce dernier peut-il lui-même lui faire confiance à la tête d’un ministère aussi important dont il a souhaité garder la main ?
Du Balzac, donc. Mais avec Gaston Lagaffe en personnage principal, qui vient de mettre le feu au bâtiment. Bref : toute une vision de l’École…