Si la priorité du pacte enseignant consiste dans le RCD (remplacement de courte durée), la mise en œuvre, peu concertée, de ce dernier obéit à une logique comptable illusoire.
Sur la méthode, le SNALC déplore que certains établissements se soient affranchis de celle préconisée par le Ministère qui, dans le Guide à l’usage des chefs d’établissements, précisait que ce plan annuel devait être élaboré « en amont de la rentrée scolaire », « dans le cadre d’un dialogue avec la communauté éducative », et d’abord « en partageant le diagnostic dans le cadre de réflexion et de concertation du conseil pédagogique ».
Or, dans bien des cas, ce plan a été conçu dans l’urgence par les directions, le conseil pédagogique l’ayant à peine évoqué et encore moins discuté. Quant au conseil d’administration, seule instance démocratique des EPLE, ledit plan lui a simplement été « présenté », sans vote, conformément cette fois aux prescriptions ministérielles.
Quant au fond, le SNALC constate que la logique du dispositif répond à la manie statistique qui régit désormais tout management public. Certes, le Ministère fournit quelques éléments concernant les contenus de ces séances de remplacement – qui peuvent donner lieu à presque tout (méthodologie, orientation, éducation artistique, culturelle, à l’environnement, à la citoyenneté, à la santé, …) –, mais il ne dit pas comment leurs contenus seront contrôlés ni évalués.
Il semble en effet que la seule évaluation jugée recevable soit celle mesurée par les précieux pourcentages que le chef d’établissement transmettra deux fois par an à un référent académique (un de plus !) sous forme d’indicateurs (taux d’absences, taux d’efficacité du RDC, taux de couverture des absences de courte durée par discipline, par niveau, …) dans le but «d’ajuster l’organisation retenue et les moyens mobilisés ».
Les chiffres ont cela de magique qu’ils construisent un monde rêvé qui ravit les réformateurs en chambre et les liquidateurs du réel. Ainsi le succès du dispositif RCD est-il déjà annoncé. Le SNALC, lui, estime que ce type de pilotage, qui met toujours plus de pression sur les enseignants, est un trompe-l’oeil qui contribuera à un autre « remplacement » : celui de l’Éducation nationale par une grande garderie.-
Article paru dans la revue du SNALC, la Quinzaine universitaire n°1483 du 8 décembre 2023