La rentrée 2023 a eu une saveur amère pour beaucoup d’enseignants. La réforme des retraites et le pacte dénoncés par le SNALC viennent dégrader les conditions de travail et ont entamé le moral des équipes. Dans ce contexte, certains professeurs des écoles se résignent à trouver une solution individuelle à ce mal-être collectif : la reconversion.
L’état des lieux de la dégradation des conditions de travail des PE a déjà fait l’objet de nombreuses alertes relayées par le SNALC : l’accroissement de la charge de travail dont même la Cour des Comptes dénonce l’effet sclérosant sur le système éducatif dans son dernier rapport, les inclusions sans moyens suffisants, les rapports de plus en plus conflictuels avec les familles…
Résignés, certains finissent par chercher une porte de sortie vers d’autres horizons professionnels. La voie de la reconversion est pourtant un parcours du combattant pour qui commence à s’y intéresser. A l’heure où la mobilité au sein de la fonction publique est encouragée, les enseignants sont une fois de plus laissés sur le banc de touche. Plusieurs dispositifs permettant de préparer une évolution professionnelle existent mais ils sont largement sous-utilisés car méconnus.
Les PE qui veulent emprunter la voie de la reconversion se heurtent à l’incompréhension des collègues et de la hiérarchie. Ils éprouvent une culpabilité de devoir se résigner à quitter un système éducatif défaillant faute de ne pouvoir le sauver. Beaucoup se sentent d’ailleurs incapables de changer d’emploi par manque de compétences professionnelles. En réalité, les exigences multiples de l’institution forgent des professionnels polyvalents. Mais l’Éducation nationale a tout intérêt à garder ses « bons petits soldats », prêts à travailler dans de si mauvaises conditions de travail pour si peu de reconnaissance… Le mépris institutionnel a fini par s’imprégner durablement dans l’esprit des PE. Il est grand temps qu’ils relèvent la tête et réalisent qu’ils sont des professionnels compétents, motivés et ingénieux !
Les prétendants à la reconversion font également face à la complexité des dispositifs proposés. Sans moyens suffisants, il n’est pas simple d’accéder aux formations nécessaires. Il est très difficile de quitter l’Éducation nationale et tout est fait pour nous en dissuader. Demander une rupture conventionnelle est une démarche compliquée car les fonds alloués sont largement insuffisants pour satisfaire toutes les demandes.
Des solutions alternatives existent mais elles sont toutes sujettes à autorisation et peuvent être refusées « dans l’intérêt du service » comme le détachement, le temps partiel ou la disponibilité sur autorisation. La démission, elle aussi, peut être refusée. On peut y voir une tentative de dissuasion supplémentaire de l’institution pour contenir l’hémorragie qui s’accélère.
On ne peut que déplorer le décalage absurde entre l’image de “privilégiés” véhiculée dans les médias sur la profession et la situation de captivité dans laquelle se trouvent aujourd’hui les PE. Leur permettre de quitter l’Éducation nationale la tête haute serait pourtant un premier pas vers une amélioration de leurs conditions de travail qui honorerait l’État qui les emploie.
Le SNALC est aux côtés des professeurs pour les accompagner dans leur projet de mobilité avec le dispositif mobi-SNALC , réservé aux adhérents souhaitant évoluer au sein ou à l’extérieur de la fonction publique.