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PACTE : ni mode d’emploi, ni garantie !

© gregepperson-istock

Envisager aujourd’hui de s’engager dans une ou plusieurs missions du pacte, c’est comme succomber à l’achat sous l’effet d’une publicité d’un truc complexe, sans son mode d’emploi, ni ses conditions de garantie. Or en l’absence des textes réglementaires (décrets et notes de service…) indispensables à la mise en œuvre de chacune des missions, les inconnues du pacte demeurent considérables.

Voici une liste (non exhaustive) des questions qui restent en suspens et qui devront être élucidées avant toute signature.

Le nombre total de missions du pacte à réaliser pour un même enseignant n’est pas clairement défini. Combien sera-t-il réellement possible pour les volontaires d’en cumuler : 1, 2, 3 …4…5, 6 ?

Par exemple, en Lycée Professionnel, un pacte comprend les 6 missions ; elles sont insécables ! Les enseignants d’EPS intéressés en LP auront-ils accès au pacte compte tenu de spécificités de certaines missions?

La mission 1, remplacement de courte durée (RDC) s’effectuera-t-elle exclusivement à l’intérieur de l’établissement ou pourra-t-elle s’étendre à des établissements limitrophes ? Des frais de déplacements seront-ils alors prévus ?

Si au cours de l’année les 18h de RCD ne sont pas effectuées, et bien que l’enseignant engagé se sera astreint à demeurer disponible sur des créneaux dédiés, l’indemnité de 1250€ sera-t-elle maintenue ou diminuée ?

Combien de créneaux hebdomadaires d’astreinte seront fixés pour chaque enseignant impliqué dans cette mission ?

Enfin les RDC, considérés comme une mission prioritaire, sera-t-il (toujours, parfois, jamais…) possible de demander une autre mission indépendamment de la première ?

Concernant la mission 2, « Devoirs faits » (DF), vont s’entrecroiser au collège, en plus des interventions des enseignants et AED de l’établissement, celles de professeurs de lycées généraux et des écoles (PE). Ces derniers d’ailleurs, en plus de la mission DF (24h), pourront aussi effectuer en 6è une mission hebdomadaire de soutien scolaire (18h).

La mesure laisse rêveuse lorsque l’on imagine les coordinations et les créneaux d’emplois du temps qu’il faudra trouver entre les groupes d’élèves de 6è (DF obligatoire), ceux de 5è, 4è et 3è (DF optionnel), les enseignants de l’établissement, et ceux des lycées et des écoles environnants …

Pour que la fête soit complète, les professeurs des lycées professionnels pourront aussi intervenir dans les collèges (mais dans le cadre de la mission 4, découvertes des métiers) qui vont ainsi devenir de joyeux carrefours interprofessionnels !

Concernant la mission 3, les stages de réussite (SDR), se pose la question de l’articulation pédagogique précise entre les enseignants de français et de mathématiques de chacun des élèves stagiaires et les professeurs intervenant lors des vacances puisqu’il est prévu que les élèves devront travailler des compétences préalablement ciblées. Par ailleurs, les intervenants devront-ils être des professeurs spécialisés dans ces disciplines ? Les SDR sont-ils ouverts à tout type d’enseignant du collège (il n’est pas prévu là, que des professeurs des lycées puissent intervenir) ?

On pourrait continuer à dérouler la liste des questions, et montrer encore en quoi rien n’est cadré pour les missions 5 (PPI) et 6 (EBEP). Par exemple des 1/2 missions sont possibles (sauf pour les RDC). Comment seront reparties les 3 dernières missions DDM, PPI et EBEP entre 2 enseignants ?

De ce tableau, on retient que jamais l’éducation nationale n’aura mis en place une telle complexité pour tenter de palier aux insuffisances du système (remplacements, rémunérations, échec scolaire, inclusion, orientation…).

Compte tenu de la très grande diversité des contextes d’enseignement on comprend bien que le cadrage restera très général, vague, et que les solutions seront à trouver localement. C’est encore un sacré transfert de charges et de compétences qui se met en place sur le dos des établissements et des enseignants.

Enfin, puisqu’il s’agit de s’engager volontairement et personnellement à signer une lettre de mission pour chaque partie du pacte, c’est bien une relation contractuelle et individuelle qui va s’établir entre chaque enseignant « pacté » et le chef d’établissement.

Pour éviter de très mauvaises surprises, avant toute signature, les termes du contrat devront donc être préalablement parfaitement connus.

Le SNALC est opposé au principe du pacte. En l’absence de textes précisant complètement le contenu des missions, leur mise en œuvre effective, les obligations contractuelles des signataires et en raison des importantes questions restées en suspens le SNALC invite à la plus grande prudence les éventuels volontaires. Il sera par ailleurs très attentif à ce qu’aucune pression hiérarchique ne s’exerce sur les personnels en vue d’obtenir leur adhésion.