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SQOOL TV 1 : remplacer les profs, un vrai casse tête ?

«...Je n'appelle pas cela rassurer, mais tout simplement mentir !.»
Maxime Reppert
Vice-président du SNALC

Remplacement de courte durée, pacte, recrutement, Maxime Reppert revient sur les mesures qui toucheront tous les enseignants à la rentrée 2024.

Maxime REPPERT, Vice-Président du SNALC,  répond aux questionsVirginie Guilhaume sur SQOOL TV le 30 mai 2023.

Virginie Guilhaume

Y aura-t-il assez de profs à la rentrée 2023 ? Alors oui, selon Emmanuel Macron, un vrai doute du côté des syndicats, on en parle tout de suite avec nos invités.

[…]

Pour en parler, je suis ravie d’accueillir Maxime Reppert.

Maxime Reppert

Bonjour.

Virginie Guilhaume

Vous êtes vice-président national du SNALC, alors on va rentrer tous les trois dans le vif du sujet si vous le voulez bien. Peut-on décemment dire, comme Emmanuel Macron, qu’il y aura un professeur devant chaque classe à la rentrée ?

[…]

Virginie Guilhaume

Votre avis, Maxime Reppert, comment se fait-il que le président dise ça, est-ce qu’il y croit vraiment, selon vous ?

Maxime Reppert

C’est tout simplement de la communication, ni plus ni moins. Faire mieux que l’année dernière n’est pas très compliqué actuellement. L’année dernière, c’était catastrophique et je ne crois pas que l’avenir sera meilleur. Il y a un échec flagrant par rapport au recrutement des enseignants. Le fait de mettre un enseignant devant chaque élève, je pense plutôt que le ministre, comme le président, souhaitent plutôt dire un adulte devant chaque élève.

Il y a eu des échecs en série en ce qui concerne le recrutement, alors que la solution est toute simple. Il faudrait simplement procéder le plus vite possible à un rattrapage salarial et offrir des conditions dignes et sereines aux enseignants afin qu’ils puissent exercer correctement leur métier. Et ce n’est pas avec des jobs dating comme ceux que nous avons pu avoir, ou avec le fameux pacte qui nous a été présenté, que nous allons pouvoir trouver une solution rapidement.

Virginie Guilhaume

[…] Mais concrètement, ce qui nous étonne, on en parle ici sur une chaîne spécialisée dans l’éducation, mais on en parle aussi partout, à la fois dans les foyers des Français et chez tous nos confrères. La situation est dramatique. Aujourd’hui, à l’Éducation nationale, il manque des professeurs partout. Comment est-ce possible de tenir un tel discours encore une fois aujourd’hui ?

[…]

Virginie Guilhaume

[…] Vouloir rassurer les familles tout en étant hors-sol. Est-ce compatible ?

Maxime Reppert

Je n’appelle pas cela rassurer, mais tout simplement mentir ! Cela fait plusieurs rentrées maintenant qu’on pointe du doigt une paupérisation du métier d’enseignant. Je rappelle que dans les années 80, un enseignant qui débutait au collège touchait 2,2 fois le SMIC. En 2022, on tombe à 1,2 fois le SMIC, donc il y a quand même des questions à se poser.

On est d’accord que le métier d’enseignant est difficile. On fait face à des actes de violence, des menaces, voire pire, perpétrés contre des enseignants. Donc l’opinion connaît, grâce aux médias notamment, la dure réalité du métier. On a essayé des “jobs dating” où l’on a recruté des gens que l’on a formés en moins de 3 jours, c’est-à-dire moins de temps qu’il n’en faut pour faire des hamburgers dans une célèbre chaîne de fast-food. Ça n’a pas fonctionné. Des collègues ont démissionné en masse au bout de quelques jours ou quelques semaines. Donc on essaie un nouvel artifice en s’appuyant une fois de plus sur un mensonge, en disant qu’on va revaloriser le métier d’enseignant en ajoutant des missions supplémentaires, le fameux “travailler plus pour gagner plus”, mais ce n’est pas une revalorisation. Ce n’est pas un rattrapage salarial tel que nous l’exigeons. Posons-nous la question de ce que méritent nos jeunes. Ils méritent tout simplement un enseignant et un enseignement de qualité, avec des professeurs motivés et capables d’exercer leur métier sereinement.

Virginie Guilhaume

Question donc, des profs absents et de leur remplacement, on va commencer par le primaire car on doit décortiquer chaque moment de l’apprentissage de nos élèves. On sait qu’il manque des professeurs, des écoles. 1450 professeurs manquants, en fait. Il s’agit donc de pouvoir évidemment les remplacer et est-ce qu’on va devoir recruter des contractuels à la rentrée pour le primaire cette fois-ci.

[…]

Virginie Guilhaume

Votre avis sur la question, Maxime Reppert ?

Maxime Reppert

Les 4 jours de formation ne sont pas systématiques ? J’ai vu des collègues formés sur moins de jours que cela. Non, il n’y a pas de formation et d’accueil dignes pour les collègues contractuels. Je vais même aller plus loin, il y a une forme de cercle vicieux dans tout ça. Pourquoi ? On connaît le problème, mais on va continuer à recruter des contractuels en ne les formant pas suffisamment, en ne les préparant pas suffisamment, en ne les soutenant pas suffisamment. Ces contractuels vont continuer, pour certains, de démissionner.

Et on va s’appuyer encore plus sur les titulaires, on va leur rajouter des missions, on va les inciter à en faire toujours plus. Le SNALC alerte sur l’un des dangers majeurs de ces dernières années concernant les personnels enseignants, à savoir la question de la santé. La question de la santé au travail, notamment les risques psycho-sociaux tels que les burn-out ou les suicides dans l’Éducation nationale. Nous avons des collègues de plus en plus épuisés qui tiennent de moins en moins, car ils sont constamment sous pression, une pression très intense.

Virginie Guilhaume

[Les contractuels], on se dit heureusement qu’ils sont là parce que c’est mieux que rien, mais ce n’est pas une solution. D’autant plus qu’à cela s’ajoutent des fermetures de classes et des suppressions de postes. C’est là que vraiment j’ai besoin que vous m’éclairiez, ainsi que tous ceux qui nous regardent, car je ne comprends plus rien du tout. On a des professeurs manquants, des élèves, et je parle ici uniquement du primaire pour le moment, et des professeurs qui ne sont pas là, des écoles qui n’existent pas. Nous avons des enfants en bas âge, âgés de 3 à 10, 11 ans, des parents complètement perdus, qui se demandent s’ils doivent travailler ou non, si leur enfant aura classe ou non, qui va s’occuper de leur garde, s’ils pourront apprendre à lire et à écrire. Et ensuite, on se plaint que les enfants qui arrivent en 6e ne savent pas lire et écrire, Maxime Reppert. J’aimerais avoir votre réaction et que vous m’expliquiez, s’il vous plaît.

Maxime Reppert

Il n’y a rien à expliquer, on voit qu’il y a une totale incohérence entre la volonté de soutenir l’enseignement, notamment au niveau du premier degré, et la réalité, comme vous l’avez vous-même mentionné, des suppressions de postes et de la baisse des concours et du recrutement. En même temps, on dit A et on fait B, ce qui est problématique. Nous avons cette question de la paupérisation, comme cela a été mentionné précédemment. Nous avons également un autre phénomène, qui est la déprofessionnalisation du métier d’enseignant, car lorsqu’on dit à quelqu’un qu’après seulement 4 jours de formation, il sera apte à avoir la responsabilité de dizaines d’enfants, c’est une gifle affligée au métier qui perd de sa crédibilité. Les collègues constatent bien les fermetures de classes, l’augmentation des effectifs, parfois jusqu’à 20, 25 enfants ou plus dans les écoles primaires, ce qui n’est ni normal ni acceptable. C’est irrespectueux à la fois envers les parents, mais aussi bien sûr envers les enfants qui sont les premiers concernés.

[…]

Virginie Guilhaume

[…] On va passer maintenant au collège et au lycée car ce n’est évidemment pas la même chose, puisque les professeurs ne sont pas rattachés proprement à une classe, mais à une matière si je puis dire. Alors, qu’est-ce qui se passe quand on a un professeur absent ? On peut faire appel à des contractuels, mais aussi à ces fameux professeurs signataires du pacte enseignant, c’est bien ça, Maxime Reppert ?

Maxime Reppert

Oui, effectivement. Par exemple, si vous avez un professeur de mathématiques absent, et que le professeur d’anglais est disponible à ce moment-là, il peut prendre en charge la classe et donner un cours d’anglais. C’est ainsi que le présente le ministère.

Virginie Guilhaume

Attendez, attendez que je comprenne bien, Maxime Reppert, pardon. Donc, si on est professeur d’anglais et que le professeur d’anglais n’est pas là, on est prof de maths et on va donner un cours de maths ou un cours d’anglais ?

Maxime Reppert

Non, pas du tout. Le professeur de mathématiques qui est absent n’est pas là, donc sa classe est libérée à ce moment-là. L’idée avancée par le ministère, c’est de proposer à un enseignant d’une autre discipline de prendre en charge la classe dans sa propre matière.

Virginie Guilhaume

Voilà, c’est ça. Donc, le cours de maths, effectivement. Ce qui permettrait quand même, à la limite, d’anticiper une éventuelle absence de ce professeur.

Maxime Reppert

Oui, mais le problème, c’est qu’il y a beaucoup d’inconnus et il y a une forme d’irrespect pédagogique total là-dedans, car cela signifie que la classe aura une heure de plus en anglais. Et qu’est-ce qui va se passer pour l’heure de mathématiques perdue ? Est-ce que cela va se répéter à chaque fois ?

[…]

Virginie Guilhaume

Il nous reste à peine une minute, juste une question par rapport au lycée. La réforme Blanquer a donc permis, je ne sais pas si c’est le bon terme, mais en tout cas, de décider des spécialités à choisir, ce qui a également un impact pour ces professeurs ayant signé le pacte, Maxime Reppert, et qui pourraient intervenir dans les classes. Est-ce que c’est aussi simple que ça pour le lycée ?

Maxime Reppert

De toute façon, les professeurs de spécialité ne se limitent pas à l’enseignement de leur spécialité, ils sont concernés de la même manière que leurs homologues au collège. Je voulais simplement vous dire que cette surcharge de travail est extrêmement dangereuse pour la santé des collègues. Et quelque chose que vous avez mentionné brièvement, mais je pense qu’il faut vraiment insister dessus, c’est le fait qu’avec ce pacte, il y aura une inégalité flagrante en termes de qualité d’enseignement sur le territoire. Il y aura une forme de fragmentation, notamment territoriale, entre les petites et les grandes structures. Cela s’ajoute à tout ce que nous avons déjà mentionné concernant les aspects négatifs du pacte et de la stratégie adoptée par le gouvernement pour le recrutement. Le gouvernement fait tout ce qu’il ne faut pas faire. Donc, nous lançons une alerte, car c’est le rôle de tout syndicat, et comme l’a dit ma collègue, nous attirons l’attention sur les dangers et les dérives engendrés par cette politique, dont le pacte en est un exemple évident.

[…]

Virginie Guilhaume

Il y a un gros problème de rémunération, on le sait depuis le début, ils ont fait des annonces controversées. En quelques secondes, s’il vous plaît, Maxime Reppert, sur l’absence de longue durée, est-ce qu’il faut ouvrir un nouveau concours pour les enseignants ?

Maxime Reppert

Ce n’est pas une question d’ouvrir un nouveau concours, c’est surtout une question d’attractivité du métier. Avec tout ce qui se passe actuellement, je peux vous prédire une chose : il y aura un effondrement des enseignants qui, à un moment donné, ne pourront plus tenir. Ce n’est tout simplement pas possible. Nous sommes des êtres humains et à un moment donné, les collègues vont lâcher. Et nous aurons de plus en plus besoin d’enseignants sans avoir les ressources pour pallier à ce problème. On ne peut pas mettre un Kleenex sur une hémorragie.

Virginie Guilhaume

Merci beaucoup en tout cas d’avoir été avec nous sur ce plateau, Maxime Reppert, vice-président national du SNALC.

«....c'est une gifle affligée au métier qui perd de sa crédibilité.»
Maxime Reppert
Vice-président du SNALC