Depuis la rentrée dernière, avec la crise du recrutement, l’emploi massif de contractuels enseignants a fait la Une de l’actualité pendant une longue période. Le recours au « job dating » et le manque de compétences supposé de nos collègues ont été mis en avant. Mais s’est-on déjà posé la question de savoir comment les rectorats recrutent habituellement ces personnels ?
Si les enseignants contractuels représentent seulement 9% des enseignants du second degré, ils représentent le quart des professeurs nouvellement recrutés dans la dernière décennie. Et si les modalités de recrutement sont fixées nationalement, la pratique du recrutement est académique.
Deux sociologues ont enquêté , à ce sujet, au service des contractuels de l’académie de Lyon, académie en forte croissance où le poids des contractuels a doublé en 10 ans et où le bureau des contractuels est nettement à part. Bien que calqué sur la hiérarchie statutaire de l’emploi enseignant, il intervient après la gestion des titulaires.
Selon cette étude, le recrutement des contractuels enseignants repose essentiellement sur trois acteurs : gestionnaires, inspecteurs pédagogiques et chefs d’établissement.
Si on peut supposer que l’avis de l’inspecteur est primordial dans le recrutement de tel ou tel agent, cela n’est vrai que pour les matières peu ou pas déficitaires (lettres modernes, histoire-géo…). Il en va tout autrement dans les matières très déficitaires où les inspecteurs perdent le monopole de l’évaluation des candidatures au profit des gestionnaires, qui dans le meilleur des cas tiennent compte de l’expérience professionnelle des candidats, mais sont amenés parfois à recruter « le gars qui a vu de la lumière» qui se présente.
Quant au chef d’établissement, il intervient en amont et en aval du recrutement. En amont, il signale le besoin d’enseignement (remplacement, vacance de poste). Si le besoin n’est pas pourvu par le rectorat, il fait appel à ses réseaux, afin de trouver le remplaçant, voire dépose auprès de Pôle emploi une fiche de poste. En aval, il contacte et reçoit souvent le remplaçant désigné avant la signature du contrat, lorsqu’il a lui-même trouvé le candidat. Par ailleurs, son avis est primordial, pour les postes « profilés ».
En conclusion, les contractuels font les frais d’une absence de procédure de recrutement clairement définie et harmonisée au niveau national.