Alors que le ministre de l’Éducation nationale commettait une déclaration dans laquelle il disait envisager de faire surveiller la pause méridienne par les professeurs – sans doute du « travailler plus pour gagner plus » – sortait une note de la DEPP qu’il aurait dû lire sept fois avant d’ouvrir la bouche.
Connaissez-vous la DEPP (Division de l’Évaluation, de la Prospective et de la Performance) ? C’est un organe du ministère qui publie des notes souvent très intéressantes. Celle qui est numéroté 22.30 et date d’octobre 2022, a pour titre : La moitié des enseignants déclare travailler au moins 43 heures par semaine (1). On y apprend – enfin, quand on ne connaît rien à nos métiers – qu’en moyenne nous travaillons 43h par semaine, que les professeurs des écoles travaillent plus au sein de leur école et que ceux du second degré passent plus de temps en préparations et corrections.
Il y a, bien sûr d’autres données pertinentes. Mais c’est le calendrier que le SNALC retiendra. Alors que nous voyons un ministre passer dans les médias et lancer des ballons d’essai pour tenter de nous faire travailler plus, l’organe statistique de son propre ministère vient montrer le ridicule de son propos.
Enfin soyons pleinement honnêtes, le ministre a tenté un laborieux rétropédalage dans une séquence confidentielle diffusée sur la chaîne parlementaire, mais qui mériterait de devenir culte. Face à un député qui l’interrogeait sur la surveillance de la cour et lui faisait la liste des tâches qu’un professeur des écoles accomplit dans une journée, notamment sur la pause méridienne – qui n’est pas toujours une pause – le ministre a tenté de bredouiller une sorte de rétractation. « Il y a eu une sorte de malentendu… ce n’est pas du tout ce que je voulais dire. »
Non, Monsieur le ministre. Nous avons tous bien entendu. Et nous entendons bien votre volonté d’instaurer un ‘travailler plus pour espérer ne pas perdre trop de pouvoir d’achat’. Mais, et le SNALC le dit depuis plusieurs années, la mule est déjà trop chargée. Prenez garde. Refuser un réel rattrapage salarial-qui doit concerner l’ensemble des collègues et ne saurait être conditionnel- et alourdir encore la charge, pourrait bien provoquer quelques ruades.
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1470 du 4 novembre 2022