Si l’on devait synthétiser le « travail » accompli par le ministère sur les cinq dernières années, il suffirait en fait de rappeler trois notions centrales : les familles de métier, les blocs de compétences, la diminution des PFMP et la généralisation du co-enseignement.
Bien sûr, nous pourrions parler aussi des adaptations de l’examen pour cause de COVID qui ont vu la mise en place d’épreuves de rattrapage assez saugrenues. Mais le SNALC saura être bienveillant et voir ici un fonctionnement dans l’urgence qui visait à ne pas pénaliser les élèves.
Surtout, les trois notions précitées ont et auront des conséquences bien plus graves que les adaptations d’épreuves liées à la pandémie. Toutes concourent à faire perdre les spécificités professionnelles de nos diplômes.
Les familles de métiers pourraient sembler, pour le profane, être du domaine du bon sens. Il existe des compétences communes entre différents baccalauréats qui peuvent permettre des passerelles. Cela est tout à fait vrai. Mais le système mis en place a surtout permis de faire disparaître certaines formations et a sanctuarisé le mariage de la carpe et du lapin.
Il a aussi permis le développement des blocs de compétences. Tous les programmes sont désormais rédigés en ce sens. Le premier écueil est que, très voire trop souvent, ces compétences deviennent transversales et nient le besoin de connaissances. Or, pour le SNALC, derrière une compétence se cache une foultitude de savoirs à intégrer. Cela est déjà grave. Mais le second écueil est plus que dangereux. Les blocs de compétences sont vantés car ils permettent à un élève qui échoue dans l’obtention du diplôme de faire valoir dans sa future vie professionnelle de l’acquisition des dites compétences. Donc, l’élève peut s’en tenir là et se lancer sur le marché du travail. Le diplôme devient moins important à ses yeux. Le problème est que les entreprises embauchent et rémunèrent sur la base du niveau de qualification. Et un jeune ayant un CAP et un bloc de compétences du baccalauréat validé reste titulaire de son seul CAP et sera rémunéré comme tel.
Enfin, grâce à la doctrine des compétences, il a été possible de mettre des coups de rabots dans les heures disciplinaires pour faire entrer tout et n’importe quoi.
Pour le SNALC, ces blocs de compétences – déjà difficilement enseignables – sont en réalité les outils de la perte de connaissances et de compétences ainsi que du déclassement des futurs professionnels que sont nos élèves.
Par ailleurs, leur niveau de maîtrise dans leur domaine ne peut qu’être affecté par la diminution progressive du temps de formation en milieu professionnel qui doit de surcroît cohabiter avec le Service National Universel.
Tout au long de la mandature que nous venons de connaître, le SNALC n’a cessé de s’opposer à ces évolutions pédagogiquement infondées et dangereuses pour les élèves, comme il s’est opposé à la généralisation du co-enseignement.
Pour le SNALC, cette pratique pédagogique n’a de sens que si elle est consentie et se fait entre disciplines qui ont des choses à se dire et à s’apporter mutuellement. Pour le ministère, elle a été un moyen de parfois mutualiser des heures et de faire des économies. En aucun cas elle n’a été pensée dans sa complexité. Et cela a donné des catastrophes sur le terrain où du français fait dans un atelier se bornait à de la simple lecture de consignes de sécurité ou de manuels d’utilisation. Parfois, sur certains plateaux techniques, cette co-intervention était même totalement impossible.