Apparue dans les années 1930, il faudra attendre 1980 pour que la médecine du travail soit considérée dans la fonction publique. Dans l’Éducation nationale, on ne peut pas réellement parler efficacité ou non, car la médecine du travail est quasi inexistante. Depuis les années 80, il y a bien eu quelques tentatives, demandes de rapports-bilans, modifications de décrets, mais force est de constater que la situation reste inchangée, d’autant plus avec l’arrivée de la crise sanitaire. Est-il possible, que le décret du 13 mars 2022 visant à faciliter la prise en charge médicale des personnels de la fonction publique par la création d’une instance unique puisse changer les choses ?
Avec un médecin du travail pour environ 16000 agents, la médecine du travail de l’Éducation nationale est loin de pouvoir répondre aux besoins des agents. La visite médicale régulière et obligatoire dans le secteur privé (tous les ans) n’existe pas dans l’Éducation nationale. Cette situation parait plus que problématique d’autant plus qu’au sein des établissements scolaires, le personnel enseignant travaille avec celui des collectivités territoriales. Ces derniers, eux, bénéficient de visites médicales régulières comprenant un examen clinique complet, dépistage du stress et de la souffrance mentale, radiographie pulmonaire et contrôle des vaccinations.
La spécificité de notre métier fait que les risques psychosociaux, troubles musculo-squelettiques, altération de la voix sont des pathologies fréquentes pour les enseignants. Le manque de médecins du travail accentue les situations de souffrance psychologique des agents. Les nombreuses demandes d’aide des collègues en détresse restent souvent lettre morte. La crise sanitaire du Covid n’a fait que mettre en exergue ce manque de médecins. Pour les agents vulnérables nécessitant une Autorisation Spéciale d’Absence, ce sont les médecins traitants qui ont dû jouer ce rôle et établir les attestations.
Pour le SNALC il est inadmissible qu’un professeur des écoles puisse passer toute sa carrière au sein de l’Education nationale sans ne jamais voir un médecin du travail. Outre les pathologies directement liées à l’exercice du métier, les visites médicales professionnelles permettent la plupart du temps de découvrir d’autres pathologies et permettent ainsi une prise en charge plus rapide et parfois indispensable. Il est tout aussi inadmissible que pour entrer dans le métier de professeur des écoles, les seules attestations obligatoires soient celles de natation et de secourisme. Il n’est mentionné nulle part une visite médicale préalable à l’embauche ; il est simplement notifié que le candidat doit être physiquement apte à l’exercice des fonctions.
Depuis quarante ans, l’État-employeur néglige de s’appliquer des mesures qu’il impose pourtant comme État-législateur. Le ministère de l’Éducation nationale n’a jamais réellement mis en place de politique de prévention ou d’accompagnement de ses agents.