La rentrée précédente ne fut pas facile, en raison du contexte sanitaire, mais aussi du fait d’un manque d’anticipation (question du protocole, affectations…).
Cette rentrée ne sera pas meilleure. Pire, ce que nous dénonçons depuis des années apparaît plus en plus visible. Les défenseurs de la politique éducative actuelle ont d’ailleurs de plus en plus de mal à se justifier ou à incriminer des éléments extérieurs.
En effet, nous voilà en train de subir les conséquences d’une politique de déstructuration de l’École en tant que service public. La dégradation des conditions de travail – multiplication/dénaturation des missions du professeur, hausse des effectifs en classe, déconsidération économique et sociale, manque d’écoute et de protection… – entraîne aujourd’hui une pénurie d’enseignants. Ce phénomène n’est pas lié exclusivement à un problème conjoncturel, comme on peut parfois le lire. Pour ne donner qu’un exemple significatif, il y a eu une baisse de 60% des candidats aux concours du CAPES, entre les années 2000 et aujourd’hui. Et des milliers de postes non pourvus pour cette rentrée. Face à cette situation, la solution n’est pas dans la multiplication des séances de job dating mais dans la revalorisation économique, sociale et humaine du métier.
Les premiers à pâtir de cette situation sont les élèves. Mais les professeurs subiront aussi de nombreux dommages collatéraux. Les compléments de service à assurer vont se multiplier pour les TZR et les collègues en postes fixes. Quant aux contractuels, notamment ceux qui ont été embauchés à la va-vite, ils bénéficieront d’un accompagnement bien inconsistant – quelques jours – face à l’ampleur de la tâche. Dans un tel contexte, une explosion des risques psychosociaux n’aurait rien d’étonnant… Nous aurions vraiment préféré que le président de la République annonce la fin de notre déchéance plutôt que celle de l’abondance. Car abondance ne fait pas partie du vocabulaire de l’Éducation nationale si ce n’est pour évoquer la multiplication des tâches et des critiques dont nous sommes souvent victimes. Au-delà des éternelles promesses de revalorisation, non tenues à ce jour, il est urgent d’agir.
C’est pourquoi, le SNALC réaffirme son engagement à lutter contre cette dégradation, à travers ses actions et ses outils, sans cesse plébiscités à l’image du dispositif exclusif de mobilité et d’accompagnement face à la souffrance au travail : mobi-SNALC.
Article paru dans la Quinzaine universitaire n°1468 du 9 septembre 2022