Uderzo-Goscinny VS Éducation Nationale,
lorsque les démarches administratives ressemblent à
LA RECHERCHE DU LAISSER PASSER A-38!
L’Éducation nationale et son administration ubuesque : un constant et vibrant hommage à l’un des plus célèbres clichés d’Uderzo et Goscinny dans Les Douze Travaux d’Astérix.
Régulièrement, il me faut réaliser l’un de ces pénibles travaux qui, à la longue, ont fini par me rendre malade : je souffre d’une phobie administrative chronique et les deux derniers travaux auxquels j’ai dû m’atteler n’ont pas amélioré mon état, bien au contraire ! Ils m’ont rendue presque folle !!!
Premier travail : récupérer le supplément familial, privilège incommensurable dont il faut quand même rappeler qu’il correspond à un élément fixe (1 enfant = 2,29 €, 2 enfants = 10,67 €, 3 enfants = 15,24 € et 4,57 € par enfant en plus), auquel s’ajoute un élément proportionnel au nombre d’enfants à charge (2 enfants = 3 % du traitement brut, 3 enfants = 8 % du traitement brut et 6 % supplémentaire par enfant au-delà du 3ème).
Pendant des années, il suffisait de déclarer tout changement de situation (augmentation du nombre d’enfants à charge) à notre administration pour bénéficier de ce supplément. Nous obtenions bien difficilement régularisation et paiement au bout de quelques mois. En revanche, quand il s’agissait d’une régularisation à la baisse, l’Éducation Nationale savait se montrer aussi rapide que la CAF lorsqu’elle arrête de verser les allocations familiales aux 18 ou 20 ans de nos enfants : pas un mois de plus !
Le système était déjà singulièrement bancal, mais pas suffisamment fou pour notre administration qui a inventé … l’attestation de non-changement de situation familiale… à remplir chaque début d’année, signer, dater et à transmettre sous couvert du chef d’établissement. Sinon, pafff ! fini le supplément familial et galère pour le récupérer !
Cette année, notre administration a fait plus fort… Elle l’a encore réclamée … puis a décidé qu’elle n’était plus nécessaire … puis l’a, à nouveau, réclamée mais…. seulement pour les maîtres en suppléance. Tout cela sur un mois de temps.
Alors, astuce de gaulois : vérifiez bien vos fiches de paie ! Certes, ce n’est pas avec ce supplément familial que vous pourrez offrir un « restau » et une place de cinéma à toute votre petite ou grande famille, mais il n’y a pas de petites économies, surtout pour notre ministre : il a quand même rendu 75 millions d’euros à Bercy, petit pactole qui faisait partie du budget alloué à l’Éducation Nationale pour 2021, ça n’est pas comme si nous attendions une juste revalorisation de nos salaires et un dégel du point d’indice depuis des lustres !
Deuxième travail : récupérer la participation forfaitaire de la cotisation mutuelle
Alors, là… On a atteint un sommet (n’y croyez pas, ils inventeront encore plus fou d’ici quelques mois).
Pour rappel, depuis le 1er janvier 2016, tous les employeurs sont obligés d’instaurer une complémentaire santé collective au profit de leurs salariés[1]. Tous ? Non ! Un irréductible délinquant résiste encore et toujours à la loi. L’État, lui-même !
Et ce n’est qu’à partir de janvier 2022 qu’il daignera nous faire l’aumône d’une participation forfaitaire mensuelle de… tenez-vous bien… 15€ bruts quand la loi oblige tout autre employeur à une participation financière au moins égale à 50 % de la cotisation (le reste étant à la charge du salarié). Oui, vous avez bien lu, 50 % ! Alors si vous avez réussi à trouver une complémentaire santé à moins de 30 € par mois, faites-nous signe, on partagera le bon plan pour tous les collègues !
Bref, je me suis dit : « déjà que l’État me paie mal, hors de question de ne pas bénéficier de ce maigre pécule dès le mois prochain ! » Et c’est là, que je suis devenue folle, quand j’ai découvert… COLIBRIS. Cela sonnait bien, nous aurions pu croire à un petit oiseau, tout mignon… Mais non ! ce n’est qu’un énième outil intranet (après webmail, iprofessionnel, aréna, etc..). Car, hors de question pour l’administration de se contenter d’une attestation, ou d’une non-attestation d’ailleurs, de notre mutuelle, pour obtenir le Saint Graal… Il faut en passer par Colibris ! Pour l’instant il ne sert essentiellement qu’à transmettre des informations à notre employeur.
Comment y accéder ? les méthodes diffèrent selon les académies, mais au bout de plusieurs « tu cliques à gauche, tu cliques à droite », ça y est « tu y es ! » enfin…. Presque ! Car cette nouvelle plateforme numérique a dysfonctionné de la fin novembre, date à laquelle elle était censée être accessible, jusqu’à ce début décembre, date limite pour bénéficier du pactole sur la prochaine paie ! Comme toutes les plateformes de l’Education nationale, ça rame, ça rame, ça plante ! Encore un coup des hackers russes, sans doute ? Voici, donc, une méthode plus rapide d’accès, lorsque la plateforme sera fonctionnelle :
https://portail-nomdelacadémie.colibris.education.gouv.fr
[1] source : https://www.demarches.interieur.gouv.fr/professionnels/mutuelle-entreprise-complementaire-sante-obligations-employeur)
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Malgré cette astuce, je me suis arraché les cheveux, j’ai crié, pesté, tempêté, rien n’y a fait ! Le 3 décembre au soir, je n’avais toujours pas réussi à finaliser mon dossier.
J’ai lamentablement échoué et dû annoncer la triste nouvelle à la famille : avec les 15 euros bruts supplémentaires sur le budget familial du mois prochain, j’avais décidé de tirer au sort celui qui pourrait aller au cinéma de Lille.
Finalement, nous regarderons pour la énième fois, mais en famille, s’il vous plaît, le DVD… Des douze travaux… d’Hercule !