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Article publié dans la Quinzaine universitaire n°1446 du 13 novembre 2020
Par Claudine BEUGNON, secrétaire académique du SNALC de Reims
Une once de flatterie, un soupçon d’injonctions contradictoires et force remarques lapidaires. Voilà la recette de certains encadrants de l’EN. C’est un lent processus d’érosion et de déstabilisation.
Décidément, vous ne comprenez rien ! Ça sent la paranoïa ! Vous n’avez pas encore compris que les élèves font anglais parce qu’ils sont trop nuls pour faire allemand ? Vous êtes connue pour vos légendaires maladresses.
Ces remarques, indépendamment les unes des autres, sont anodines, insignifiantes. Répétées et accumulées, elles sont dévastatrices car elles finissent par saper notre confiance en nous. Le doute, l’appréhension s’installent, puis la peur d’aller sur son lieu de travail.
On se fait petit, on évite la salle des professeurs mais parfois, votre bourreau entre dans la classe où vous enseignez. Vous tâchez de faire bonne figure face aux élèves car il le faut. Un jour, une énième réflexion est prononcée. Mais, ce jour-là, quelque chose se brise. Elle est la remarque en trop.
Ce jour-là, vous perdez votre envie d’être là, votre volonté d’enseigner, votre passion pour ce si beau métier, votre confiance en vous… surtout vous vous perdez, vous. Vous êtes au fond du trou, seul avec votre mal-être, votre souffrance et votre détresse et vous pensez que vous ne valez rien. Vous appartenez à cette caste des « faibles » que l’on fuit comme des pestiférés.
Un jour, à l’occasion d’une formation, vous entendez des collègues raconter leur histoire. Là, c’est à la fois un choc et le début de la guérison. Vous comprenez que vous n’êtes pas seul, que, non, ce n’est pas vous qui ne « pensez pas bien » et finalement, que ce que vous avez vécu répond à l’affreux nom de harcèlement.
Vous vous mettez à lire des écrits parlant des mécaniques de manipulation, vous lisez également l’excellent Mémorandum du SNALC de novembre 2018 de Maxime Reppert.
C’est une révélation. Vous passez de l’ombre à la lumière. Et vous vous retrouvez enfin, non pas tel que vous étiez car vous avez définitivement perdu toutes innocence et naïveté mais vous êtes devenu plus alerte et conscient. Là, vous comprenez le sens de cette phrase: « Ce qui ne vous tue pas, vous rend plus fort »