« Professeure des écoles à la retraite depuis 2 ans, témoin de la désorganisation de l’institution face à la crise sanitaire, et dans un esprit de solidarité citoyen, je me suis portée volontaire pour renforcer les effectifs de remplaçants en élémentaire sur mon dernier département d’exercice.
J’ai 35 ans d’expérience d’enseignante dans le premier degré dont 17 années dans la circonscription dans laquelle je reprends du service, je lis le protocole sanitaire et saute dans ma petite voiture ce lundi 7 mars. Je fais plus de 150 km la première semaine, petit salaire mais je me dis que l’ISSR (1) palliera…
Je connais les écoles, les collègues, l’équipe de circonscription, le public scolaire, et parfois même certains parents d’élèves. J’ai les codes, j’ai fait partie de la maison. Mais on me parle de contractuels qui sont passés, ne sont restés que quelques jours, d’autres qui tiennent encore le coup mais pour combien de temps ?
Le directeur d’école n’a pas le temps d’accueillir un collègue qui vient en remplacement, il a lui-même sa classe. Il peut au mieux lui offrir quelques minutes d’entretien sur le temps de récréation, s’il n’est pas de service, ou sur la pause méridienne s’il n’y a pas conseil.
Alors, en dehors du cahier du remplaçant et du cahier journal de la classe, s’ils sont disponibles, comment trouver les ressources pédagogiques, matérielles, humaines dans un établissement inconnu ?
Le contractuel nouvellement nommé, est catapulté devant une classe sans autre ressource, en dépit de son Bac+3 voire plus, que de vagues souvenirs de sa propre scolarité. Ça c’est pour le volet pédagogique, mais financièrement, la précarité se précise. J’apprends que l’ISSR est réservée aux remplaçants titulaires. Mêmes fonctions, mêmes obligations mais pas les mêmes droits !
J’ai vécu l’iniquité des 2 statuts PE/ instits, mais je suis effarée par les conditions de ces contractuels : salaire de misère, pas d’indemnités de déplacement, tandis que le prix du carburant ne cesse d’augmenter, manque de formation…
Qui se lèvera pour les défendre, ces précaires auxquels on confie AUSSI l’avenir de nos enfants ? »
Gretel, professeure des écoles à la retraite.
Que notre collègue soit rassurée, pour défendre ces précaires maltraités, le SNALC sera toujours présent ! À votre tour, n’hésitez pas à déposer votre témoignage : contractuels@snalc.fr
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1) Indemnité de Sujétions Spéciales de Remplacement
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1465 du 13 mai 2022