Le 7 février, notre ministre annonçait une série de mesures qualifiées d’« ambitieuses » en matière d’intelligence artificielle. Le même jour, elle ouvrait, en marge du Sommet consacré à l’IA, une table ronde intitulée modestement : « table ronde ministérielle de haut niveau : l’IA en éducation : quel cadre pour quels usages ? »
Experts de l’OCDE, de la Commission européenne, du Conseil de l’Europe et de la DNE (direction du numérique pour l’éducation) ont échangé sur les avancées du déploiement de l’IA et valorisé des projets européens tels qu’AI4T notamment, qualifié de « success story ».
De manière générale, malgré le thème annoncé, l’heure était davantage à l’euphorie qu’au cadrage.
L’IA ouvre en effet de riantes perspectives : amélioration de l’apprentissage de l’anglais grâce à Captain Kelly, échange de pratiques inspirantes dans une communauté apprenante (CREIA), partage du fardeau des corrections avec l’outil Fidelia…
Et le représentant de l’OCDE, Andreas Schleicher de s’enthousiasmer : « L’IA peut rendre l’éducation plus inclusive que nous ne l’avons jamais vue ! »
Que pensent les principaux intéressés des bouleversements annoncés dans l’exercice de leur métier ?
Audran le Baron, directeur du numérique pour l’éducation, le rappelle : face au changement, les professeurs sont invariablement partagés : « 10 % sont enthousiastes, 80 % sans conviction, 10 % réfractaires ». Aux décideurs donc de s’adapter à tous les profils : tempérer les enthousiastes, informer et susciter l’adhésion des autres. En un mot, « acculturer » les professeurs et accompagner chacun vers l’innovation en marche.
Que les nombreuses questions pratiques et éthiques posées par l’utilisation de l’IA en général et de l’IA en éducation en particulier puissent être débattues, que les professeurs expriment un avis autorisé ne semble pas envisagé.
Pourtant, les professeurs réfléchissent. Certains peuvent même encore être considérés comme des intellectuels et peut-être même, « de haut niveau ».
On lira par exemple avec profit la récente tribune de nos collègues de l’APPEP. Le SNALC approuve ce salutaire rappel au discernement face à une accélération présentée comme inéluctable.
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1499 du 14 mars 2025