Sud Radio : Cécile de Ménibus
Maxime Reppert est avec nous, vice-président national du SNALC, Syndicat national des écoles, collèges et lycées. Aujourd’hui, des enseignants du collège ont exercé leur droit de retrait. Où en est la situation ?
SNALC – Maxime Reppert
Les élèves ont repris les cours aujourd’hui, mais il y a toujours une vive inquiétude, que ce soit de la part des enseignants, naturellement, mais aussi des parents.
Je pense qu’à un moment donné, il faut vraiment se dire : n’acceptons pas l’inacceptable.
Effectivement, l’école, c’est un lieu où l’on apprend, où l’on s’épanouit, où l’on développe son esprit critique. Cela prépare nos jeunes à l’avenir, au monde professionnel, etc. Oui, il faut protéger cela, mais il ne faut pas que les établissements scolaires deviennent de véritables bunkers.
Il y a toutefois beaucoup de choses à faire. Au niveau de la législation, par exemple, je rappelle qu’un enseignant ne peut pas fouiller le sac d’un élève, même s’il y a suspicion d’objets dangereux. Il faut sécuriser les abords des établissements, il faut sensibiliser les parents.
Cette banalisation de la violence en milieu scolaire n’est ni plus ni moins que le reflet de la société, une société qui est peut-être de plus en plus violente. C’est un phénomène qui doit être pris à bras-le-corps, non seulement par l’école, mais par l’ensemble des acteurs de la société.
Est-ce qu’il faudrait faire […]
Sud Radio : Cécile de Ménibus
Non, non, est-ce qu’il ne faudrait pas changer cela ? Parce que vous dites qu’on ne peut pas fouiller les enfants à l’entrée de l’école.
– Je voulais rebondir sur ça. Ça date de quand ? Parce que, à mon époque, parfois les profs fouillaient les sacs. Je ne sais pas, c’est récent comme mesure ou pas ?
SNALC – Maxime Reppert
Non, non, cela fait un moment. En fait, légalement parlant, on n’a jamais eu le droit de fouiller les sacs. Ce qui se passe, c’est qu’un enseignant peut demander à un élève : “Montre-moi ce qu’il y a dans ton sac”, mais il ne peut pas le vérifier lui-même. Et l’élève peut refuser.
Il y a plusieurs problèmes. Je voulais juste vous donner un chiffre sur votre thème, parce que c’est assez révélateur. Publié par le site du ministère de l’Éducation nationale, il y a en moyenne 13,7 incidents graves déclarés pour 1000 élèves sur l’année scolaire 2022-2023. Alors, quand je vous dis ça, ça ne parle pas forcément. Je vais vous le traduire : 77 500 incidents graves déclarés par les chefs d’établissement dans les collèges et lycées pour l’année 2022-2023.
Sud Radio : Cécile de Ménibus
C’est énorme. C’est énorme.
SNALC – Maxime Reppert
Cela regroupe des incidents extrêmement variés, mais ça montre bien que l’école n’est pas un lieu protégé. L’école, c’est un lieu où l’on peut subir des violences, qu’elles soient physiques ou morales.
Et comme vous le savez, chaque semaine, quand on regarde dans les médias, il se passe quelque chose, une agression. Il y a quelques jours, c’était un prof qui s’est fait casser le nez parce qu’il avait confisqué le téléphone portable d’un élève de première. Il y a quelques mois, c’était une collègue à qui l’on avait versé du détergent dans un verre. C’était un empoisonnement, ni plus ni moins. Et je pourrais vous faire une liste à rallonge. Ce n’est pas le lieu, mais ça montre bien l’urgence de la situation.
Sud Radio : Cécile de Ménibus
Merci beaucoup, Maxime Reppert, d’avoir été avec nous, vice-président national du SNALC, Syndicat national des écoles, collèges et lycées.