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SQOOLTV : le Bac, tout ça pour ça ?

«...Dès la mi-mars, en voie générale, 20% des collègues nous ont indiqué qu'il y avait beaucoup plus d'absents, 50% ont mentionné qu'il y avait un peu plus d'absents, ce qui totalise déjà 70% signalant davantage d'absences. En voie technologique, 40% ont constaté beaucoup plus d'absents, 40% ont noté un peu plus d'absents, soit un total de 80%, et la moitié a déclaré avoir observé vraiment beaucoup plus d'absents....»
Jean-Rémi Girard
Président du SNALC

C’est l’une des nouveautés de cette rentrée scolaire : les épreuves de spécialité, prévues en mars, sont repoussées en juin 2024. Cette annonce, faite par le ministre de l’Éducation nationale, bouleverse le calendrier des lycéens. Est-ce une bonne nouvelle ? Quelles conséquences ces changements vont-ils avoir dans la vie des élèves et des professeurs ? Quelles sont les raisons de ce retour en arrière ?

Jean-Rémi Girard, président du SNALC,  répond aux questions sur SQOOL TV Le grand JT de l’éducation le 11 septembre 2023.

Virginie GUILHAUME

Le gouvernement revoit sa copie, les épreuves de spécialité du bac auront désormais lieu en juin. En cause, un examen au mois de mars qui aurait entraîné à la fois des absences d’élèves et de la désorganisation chez les étudiants. Un grand bazar à venir si on écoute les élèves et les professeurs qui s’interrogent sur ce changement, un an à peine après sa mise en place. Pourtant, ce décalage de calendrier est aussi une réponse aux demandes des établissements et des professeurs eux-mêmes. Alors, quelle organisation pour le bac 2024, on en parle dans cette émission. Pour en parler, je suis ravi d’accueillir Jean-Rémi Girard, président du SNALC, Syndicat National des Lycées, Collèges et Écoles. On va parler du bac. Peut-on revenir de manière assez courte sur les raisons principales qui ont fait que le bac a été modifié par Jean-Michel Blanquer ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Pourquoi la création de Parcours Sup ? Pourquoi le bac ?

Jean-Rémi GIRARD

La création de Parcours Sup découle en fait d’une décision de justice due à une phase de tirage au sort à la toute fin, qui a posé des problèmes. Par conséquent, une décision de justice a été rendue, stipulant que cela ne fonctionnait pas. Il a donc été nécessaire de refaire le système, qui n’a pas été reconstruit à l’identique, donnant naissance à Parcours Sup. Ce processus a été élaboré avec beaucoup de concertation au sein du ministère de l’Enseignement supérieur, auquel nous avons participé.

Quant au bac, c’est un peu différent. Il y a eu la volonté de intégrer les notes des épreuves de spécialité dans le dossier Parcours Sup, ce qui a causé le principal problème, mais ce n’était pas le seul. Les épreuves se sont retrouvées programmées pour la mi-mars au lieu de leur emplacement habituel en juin. Il y a eu d’autres changements, comme la suppression des filières de la voie générale, pour les remplacer par une approche plus modulaire ou “à la carte”, en quelque sorte. Les réformes majeures du bac, c’étaient surtout celles-là.

Virginie GUILHAUME

Alors justement, après s’être rendu compte, pendant deux années consécutives, que les étudiants décrochaient une fois que les épreuves de spécialité du mois de mars étaient passées, et que les professeurs n’arrivaient absolument pas à boucler le programme, on a assisté à des levées de boucliers de la part d’une centaine de professeurs. Le Ministre Gabriel Attal s’est donc exprimé en faveur du report des épreuves de spécialité en juin, conformément à la planification initiale. Est-ce une bonne chose selon vous ? […]

Y avait-il vraiment un réel relâchement ou un absentéisme des élèves sur la période de mars à juin, Jean-Rémi Girard ? Pierre Mathiot, architecte de la réforme du bac et directeur de Sciences-Po Lille, a déclaré : “Nous n’avons pas de données précises sur l’absentéisme.” Est-ce vrai ?

Jean-Rémi GIRARD

C’est faux, et Pierre Mathiot a tort, puisque le SNALC a mené une enquête auprès des collègues que nous avions d’ailleurs transmise à Pap Ndiaye à l’époque. Nous avons reçu plus de 4000 réponses, ce qui a permis d’objectiver ce phénomène dès la mi-mars, et cela a été encore plus marqué à partir d’avril, lorsque les résultats étaient disponibles. Dès la mi-mars, en voie générale, 20% des collègues nous ont indiqué qu’il y avait beaucoup plus d’absents, 50% ont mentionné qu’il y avait un peu plus d’absents, ce qui totalise déjà 70% signalant davantage d’absences. En voie technologique, 40% ont constaté beaucoup plus d’absents, 40% ont noté un peu plus d’absents, soit un total de 80%, et la moitié a déclaré avoir observé vraiment beaucoup plus d’absents. Je suis dans un lycée où j’enseigne les lettres, et effectivement, nos classes de première STMG en voie technologique se sont dégarnies de manière très importante après les épreuves de spécialité. Donc, cela a été objectivé, et le ministère était d’accord avec nous sur ce point. Le ministère a fait le même constat que notre syndicat.

Virginie GUILHAUME

Pour faire écho à ce que vous disiez, est-ce qu’il fallait du temps à ces étudiants pour préparer le grand oral ? Est-ce que ces fameux 3 mois n’étaient pas trop longs ?

Jean-Rémi GIRARD

Il fallait du temps, et il faut toujours d’ailleurs du temps pour nos élèves afin de préparer le grand oral. C’est l’un des gros points noirs de cette réforme, le fait qu’on n’ait pas prévu de temps pour préparer le grand oral. C’était bien beau de dire qu’on allait faire passer les épreuves en mars, et du coup, ils pourraient préparer le grand oral au troisième trimestre, mais il y avait quand même un trimestre de programme qui demeurait. Et on ne peut pas en même temps traiter le programme correctement et préparer chaque élève individuellement à son sujet de grand oral, qui généralement d’ailleurs ne portait pas sur les points du programme du troisième trimestre. Parce que nos élèves sont intelligents, ils se sont bien rendu compte que préparer un grand oral sur un point de programme traité au mois de mai, ce n’était peut-être pas l’idée du siècle. Donc, ce problème demeure aujourd’hui parce qu’effectivement, ils auront des épreuves de spécialité en juin, et nous, au SNALC, nous le demandions depuis plus de 4 ans, mais nous n’avons toujours pas trouvé le temps pour préparer les élèves au grand oral. Et effectivement, nous ne l’avions pas avant, et nous ne l’avons pas davantage maintenant. 

Virginie GUILHAUME

On reproche souvent à Emmanuel Macron de ne pas reconnaître ses erreurs. Manifestement là, le gouvernement les a reconnues parce qu’ils font machine arrière. Cependant, Gabriel Attal a dit qu’il n’y aurait pas de modification massive du calendrier Parcoursup. Du coup, je m’interroge un peu, comment est-ce possible ? […]

À quoi sert, du coup, la spécialité si elle ne compte pas dans les études supérieures ? Parce qu’en fait, le but aussi de Parcoursup, c’était ça. ?

Jean-Rémi GIRARD

Alors, c’était le but, non pas de Parcoursup en soi, mais le but de cette organisation du bac. Mais finalement, il n’y a que l’an dernier où les notes du bac ont compté pour Parcoursup ; ça n’avait jamais existé avant. C’est-à-dire que quand vous, moi, on a passé notre bac, les épreuves du bac ne comptaient déjà pas pour nos dossiers. Ce n’était pas le cas dans le système APB, ce n’était pas le cas quand on avait des dossiers papier. L’habitude du système d’affectation dans le supérieur, ça s’est toujours fait sur les bulletins en France, et le bac était autre chose.

Virginie GUILHAUME

Le bac ne comptait pas, mais il fallait l’avoir.

Jean-Rémi GIRARD

Oui, c’est ça ! Le bac est une barrière de péage : c’est ouvert ou c’est fermé pour que vous alliez dans le supérieur. Vous avez votre bac, vous pouvez y aller, vous ne l’avez pas, vous ne pouvez pas y aller.

Virginie GUILHAUME

Est-ce qu’on revient à ça ?

Jean-Rémi GIRARD

On revient complètement à ça. Les échos qu’on avait au SNALC des collègues du supérieur, c’est qu’ils nous disaient que ces notes de spécialité cette année, ils les ont regardées, mais que ce n’est pas forcément ça qui leur permettait de trancher. Finalement, dans le bulletin, on n’a pas seulement la note du contrôle continu, parce que sinon effectivement ça ne servirait pas à grand-chose. Il y a le positionnement de l’élève dans la classe, il y a la multiplicité des appréciations, il y a beaucoup d’éléments du dossier. Finalement, cet ensemble-là a l’air d’être plus utile pour sélectionner ou pour classer les dossiers que la simple note du bac. 

Virginie GUILHAUME

Un des risques ne serait-il pas que l’enseignement supérieur, finalement, s’interroge sur la fiabilité des notes du contrôle continu ? Est-ce un risque réel puisque cela va constituer le seul point d’appui ? […]

 Peut-on parler d’une nouvelle dévalorisation du contrôle continu, Jean-Rémi Girard ?

Jean-Rémi GIRARD

Alors, le contrôle continu n’est ni valorisé ni dévalorisé. Au SNALC, nous avons un problème avec le contrôle continu dans le bac.

Virginie GUILHAUME

Pourquoi ? 

Jean-Rémi GIRARD

Parce que pour nous, le bac et Parcoursup sont deux objets différents, et en fait, on a tellement voulu les mélanger que maintenant on parle beaucoup de Parcoursup. Mais en même temps, c’est le bac, et ça ne devient pas si simple que ça.

Virginie GUILHAUME

Si on parle précisément du bac et du contrôle continu pendant le bac.

Jean-Rémi GIRARD

Le contrôle continu pendant le bac représente 40%, tandis que les épreuves finales représentent 60%. Cela a également créé des effets pervers, c’est-à-dire qu’il y a des élèves qui se retrouvent finalement à faire de chaque contrôle de classe de première et de terminale une sorte d’épreuve du bac. Ils ont l’impression de jouer leur bac à chaque instant de leur scolarité.

Virginie GUILHAUME

N’est-ce pas mieux que de le faire en une seule fois ? Car si on le rate, c’est dramatique.

Jean-Rémi GIRARD

C’est un vrai sujet de discussion. Nous trouvons que cela crée beaucoup de stress chez les élèves, qu’ils soient qualifiés de sérieux ou de scolaires.

Virginie GUILHAUME

Ils sont tellement tendus de manière générale. Attendez, il faut arrêter l’hypocrisie quand même, on est d’accord. Mais enfin, l’hypocrisie générale consiste à penser que les étudiants sont détendus en première et en terminale, ils ne le sont pas.

Jean-Rémi GIRARD

Non, ils ne le sont pas, mais justement, ils le sont encore moins dans ces cas-là. Et nous avons aussi constaté d’autres phénomènes, c’est-à-dire des phénomènes d’évitement, des élèves qui ont eu une bonne note au trimestre, malencontreusement, on a beaucoup, beaucoup de mal à les retrouver au contrôle suivant. Ils sont absents, il faut organiser une épreuve de rattrapage, il faut les faire venir à l’épreuve de rattrapage. On se retrouve en fait à organiser des épreuves dans les établissements pour compenser les absences à nos contrôles afin d’avoir une note de contrôle continu. Ça, c’est assez pénible.

Virginie GUILHAUME

C’est d’autant plus différent et difficile si le bac est général, technologique ou professionnel ? […]

Est-ce une façon de préserver quelque chose de la réforme Blanquer, de maintenir les spécialités ? Est-ce important ?

Jean-Rémi GIRARD

Pour nous, il est important d’avoir des épreuves du bac, que ce soit en spécialité ou en français. En tant que professeur de lettres, je tiens également beaucoup aux épreuves de français de première, qui ont pas mal souffert dans leur fonctionnement. Pour nous, c’est très important de garder des épreuves du bac, car c’est un examen national, terminal et anonyme. Ces épreuves donnent un objectif clair aux élèves. D’ailleurs, c’est une pratique quasi universelle, tous les systèmes éducatifs ont des épreuves en fin d’études secondaires, car cela garantit une forme d’uniformité dans ce qui se passe à l’intérieur du pays. Certes, il y a des programmes nationaux, et c’est très important, nous y sommes très attachés, mais le fait de savoir qu’il y a une épreuve à la fin, que les élèves vont être interrogés sur l’ensemble des programmes, pousse l’ensemble des enseignants du pays à avoir des niveaux d’exigence relativement similaires, quel que soit le niveau social de leurs élèves ou l’endroit où ils se trouvent. C’est une pratique que tous les pays du monde adoptent, donc nous sommes très attachés à ces épreuves, et il ne faut pas les abandonner. Il ne faut pas dire que ça ne sert à rien. Je vous assure que les élèves et les familles y sont très attachés. Certes, c’est peut-être un diplôme plus accessible aujourd’hui qu’il y a 50 ans, le système a évolué, nous en sommes d’accord. Néanmoins, c’est un diplôme très important. Certains élèves n’auront que ce diplôme, et peut-être qu’à ce moment-là, ils le mettront sur leur CV. Il ne faut pas abandonner le bac, il faut le conserver.

Virginie GUILHAUME

À quoi servent les spécialités si, du coup, elles sont reportées au mois de juin et qu’elles ne comptent pas sur la plateforme Parcoursup pour le choix des études qui suivent ?

Jean-Rémi GIRARD

Les spécialités servent aussi à garantir un certain niveau pour l’entrée dans le supérieur. Il y a une certaine adéquation dans beaucoup de profils d’élèves entre les spécialités qu’ils ont choisies et les études qu’ils vont poursuivre. Ce n’est pas du 100%, nous en sommes bien conscients, mais en effet, si vous voulez faire des études de médecine, il est important d’avoir suivi des spécialités telles que les SVT, la Physique-Chimie et les mathématiques. C’est quelque chose d’essentiel de ce point de vue. C’est pourquoi nous demandons que l’on puisse conserver trois spécialités en terminale, car le fait d’en avoir que deux limite les possibilités de parcours pour de nombreux élèves. Les mathématiques ont beaucoup souffert, tout comme d’autres spécialités, y compris la mienne, la littérature, les humanités, la littérature et la philosophie. En effet, de nombreux élèves se sont détournés de ces spécialités en fin de première, car ils ne peuvent en choisir que deux. Ils doivent faire des choix, et c’est dommage d’avoir passé une année en seconde à choisir trois spécialités pour se retrouver à vous demander en début de première laquelle vous allez abandonner à la fin de l’année.

Virginie GUILHAUME

Oui, c’est vrai que c’est assez étrange comme choix. En ce qui concerne la prise en compte du contrôle continu, le ministre de l’Éducation, Gabriel Attal, a annoncé que les établissements pourront comparer les moyennes des élèves des autres établissements comparables de l’académie pour mesurer justement l’écart avec leurs notes. Est-ce que ce n’est pas un peu le bazar ? […]

Jean-Rémi GIRARD

Oui, il faut quand même faire confiance à nos collègues. À un moment donné, ils savent ce qu’ils font, ce sont eux qui les élèvent en face d’eux. Et puis, il ne faut pas non plus se lancer dans des systèmes où finalement, ce qui se passe un peu avec le contrôle continu, ce qui se passe un peu avec les épreuves de spécialités en première, c’est qu’on veut que les élèves gardent notre spécialité. Du coup, on va essayer d’avoir des moyennes qui ne sont pas trop mauvaises pour qu’ils ne soient pas découragés. Nous n’avons pas les mêmes élèves d’un lycée à l’autre, et nous ne sommes pas obligés d’avoir les mêmes moyennes non plus. Un lycée qui a des élèves de catégories très favorisées n’aura peut-être pas les mêmes moyennes qu’un lycée qui a des élèves de catégorie très défavorisée. Car à un moment donné, la notation et l’évaluation sont aussi des outils pédagogiques pour nous. Si j’applique les critères du plus grand lycée parisien à des élèves que j’ai en face de moi, et que je leur mets 3 de moyenne toute l’année, ils seront découragés au bout de 3 semaines.

Virginie GUILHAUME

C’est la question : pourquoi y a-t-il un tel écart finalement ? Ce que vous dites est intéressant. Est-ce que cela signifie qu’un grand lycée parisien devrait automatiquement noter les élèves de manière si sévère, pour ainsi dire ?

Jean-Rémi GIRARD

Il y a des pratiques, une fois encore, où l’on s’adapte aussi aux élèves que l’on a en face de soi, et on essaie de ne pas les décourager, mais plutôt d’obtenir le meilleur d’eux, suivant les cas. Ce n’est pas seulement la note qui compte, il y a aussi tout l’accompagnement que l’on fait à côté. Mais une fois encore, il est important de laisser la liberté pédagogique aux enseignants qui savent quels sont les élèves qu’ils ont en face d’eux, qui les connaissent et les suivent pendant les trois années au lycée, et qui sont les plus à même de voir comment les faire progresser. Je vous assure que si je mets des notes très basses comme 3 ou 4 à tout le monde, je risque de les décourager. En revanche, si je mets des notes très élevées comme 18 à tout le monde, cela n’aurait aucun sens. J’essaie d’adapter mes exigences aux attentes du programme, car nous avons des programmes à suivre. En même temps, j’essaie effectivement de montrer aux élèves qu’ils ont progressé d’un contrôle à l’autre. C’est très important qu’ils s’en rendent compte.

Virginie GUILHAUME

Ce qui va perdurer avec la réforme Blanquer et finalement la force de la plateforme Parcoursup, c’est qu’en dehors de la notation, effectivement, toutes les annotations sur le comportement, la motivation, l’encouragement aussi pour les élèves, n’est-ce pas ? […]

Tous ces inconvénients, si je puis dire, dont on parle depuis 20 minutes ensemble, c’est que souvent le programme n’est pas déterminé par les professeurs, ce dont ils se sont souvent plaints, puisque ces épreuves étaient trop tôt. Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES FSU, disait, je cite : “les inconvénients de ce nouveau bac, nous les avions pointés du doigt depuis 2018”, et nous l’avons d’ailleurs fait ensemble, vous et moi. “Si nous avions été écoutés, peut-être que 2 à 3 générations d’élèves n’auraient pas été sacrifiées.” Une dernière réaction ?

Jean-Rémi GIRARD

Je ne pense pas qu’ils aient été sacrifiés non plus, d’autant plus qu’il y a eu le COVID. De toute façon, que l’on ait changé le bac ou non, nous aurions eu des bacs inhabituels. Ils n’ont pas été sacrifiés, car heureusement, les enseignants ont continué à assurer l’enseignement. Maintenant, effectivement, pour ceux de l’année dernière, le troisième trimestre a été très fortement perturbé. Nous continuerons à avoir des problèmes tant que nous n’aurons pas résolu le problème de ce fameux grand oral et de sa préparation. Cela continuera à poser des défis en ce qui concerne l’organisation de l’année de terminale et les contenus à enseigner. Nous pensons que cela ira mieux pour le bac 2024 par rapport au bac 2023, mais nous sommes encore en cours de transition, pour ainsi dire.

«... Le contrôle continu pendant le bac représente 40%, tandis que les épreuves finales représentent 60%. Cela a également créé des effets pervers, c'est-à-dire qu'il y a des élèves qui se retrouvent finalement à faire de chaque contrôle de classe de première et de terminale une sorte d'épreuve du bac. Ils ont l'impression de jouer leur bac à chaque instant de leur scolarité.. ...»
Jean-Rémi Girard
Président du SNALC