En 2001, Sciences Po lançait les Conventions Éducation Prioritaire (CEP) dans certains lycées ZEP (1) pour permettre aux élèves de milieux modestes d’intégrer des parcours sélectifs. La formation hors emploi du temps préparait les candidats à Sciences Po. Ce dispositif fut complété en 2017 par les Ateliers « Premier Campus » pour préparer plus largement les élèves à leur intégration dans l’enseignement supérieur.
L’offre pédagogique s’est diversifiée, la digitalisation de la formation est actée. Les compétences à acquérir intègrent l’expression, les méthodes de travail, les capacités socio-comportementales. Des interventions d’experts, des sorties, des visio-conférences étayent les cours. Des séquences pédagogiques clés en main sont proposées aux professeurs impliqués.
En janvier 2024, Sciences Po devenait par ailleurs la première grande école et université de sciences humaines et sociales à rejoindre ExtraStudent, premier réseau social scolaire français, scellant ainsi une collaboration animée par l’innovation pédagogique et la démocratisation de l’accès à la connaissance.
Fondée en 2020 pour pallier le décrochage scolaire, la plateforme collaborative gratuite accessible en français et anglais Élèves Solidaires – ExtraStudent en 2022 – invite lycéens et étudiants à partager connaissances et travaux scolaires, aiguisant leur appétence pour les études grâce à un concept digital innovant. Ambitionnant une insertion dans le système éducatif français, le site – avec application mobile – évolue ergonomiquement, attirant EPLE et parcours post-bac. Le défi d’atteindre un million de connexions en 2025 et de s’étendre à l’international est lancé. Le réseau vise désormais un recrutement qui gagnerait en compétences, chez l’élite.
Quel profit les meilleurs élèves et établissements pourraient-ils tirer d’une telle plateforme ? Un maillage d’idées nouvelles en un clic ou une approche plus contemporaine et attrayante des pratiques ?
Quoi qu’il en soit, le SNALC s’étonne de l’adhésion de Sciences Po au schéma marchand d’ExtraStudent. La prestigieuse école de la rue Saint-Guillaume se laisserait- elle gagner par des méthodes de marketing bon marché ? Comment compte-t-elle contrôler la désinformation que tout réseau social véhicule ? Si la plateforme permet des échanges entre étudiants et lycées, quelle place sera donnée aux enseignants formateurs ? La formation dans le supérieur est en effet une telle jungle qu’il est ardu de distinguer ce qui relève du privé, du public, ce qui est diplômant, ce qui l’est moins…
À quand l’ouverture de tchats entre lycéens et professeurs d’universités ou de prépas prestigieuses pour le plus grand profit d’une plateforme marchande ? Le SNALC, toujours prêt à se laisser surprendre, suivra cela de très près !
(1) Zone d’éducation prioritaire
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1486