« Les cordonniers sont souvent les plus mal chaussés », dit l’adage populaire. En l’occurrence, les personnels de santé, psychologues et assistants sociaux ne sont pas les moins concernés par la souffrance au travail au sein de l’Éducation nationale.
La preuve en est que ces métiers peinent à recruter. La situation est alarmante concernant les médecins scolaires. Ainsi, près de la moitié d’entre eux ont plus de 60 ans et les trois quarts plus de 50 ans. Déjà dramatique, la pénurie – la moyenne nationale compte 12 800 élèves par médecin – va mécaniquement s’aggraver avec leurs départs à la retraite. La tendance est la même chez les PSY-EN et, si elle est moins nette pour les personnels infirmiers et assistants sociaux, on relève là aussi un vrai tassement du recrutement.
Cela même alors que la santé psychique des élèves se dégrade, que le nombre de ceux « à besoins éducatifs particuliers » est en augmentation, et que, pour certaines familles, seule la médecine scolaire permet de détecter les problèmes de santé de leurs enfants.
Les causes de la dégradation des conditions de travail des personnels de santé sont multiples : mauvais état des locaux, matériel manquant ou défaillant, application informatique chronophage et inadaptée, injonctions non-priorisées de la hiérarchie avec multiplication des tâches administratives, formation continue inexistante ; tout cela pour un salaire insuffisant1. Le SNALC ne manque pas d’alerter sur cette situation inquiétante.
Malgré une prise de conscience, qui a donné lieu à plusieurs rapports depuis 2023, les mesures envisagées par le gouvernement n’augurent rien de bon pour l’avenir de ces professions. Transférer aux départements la compétence de la médecine scolaire, demander aux infirmiers d’assurer les missions des médecins scolaires, regrouper les quatre corps (infirmier, médecin, assistant et psychologue) en un seul service placé sous l’autorité du DASEN pour « favoriser le travail d’équipe »2, semble n’avoir pour but que la réduction des coûts dans un contexte de pénurie. Les Assises de la santé scolaire, initialement prévues en octobre 2024 et reportées sine die, apporteront-elles des réponses à la hauteur des enjeux ? Ou doit-on craindre que, comme chez Molière, le ministère imagine, tel Diafoirus, des remèdes pires que le mal qui finiraient par achever le malade ?
Pour sa part, face à l’urgence, le SNALC réclame non seulement un plan de revalorisation salariale et de création de postes, mais une vraie reconnexion du ministère avec la réalité de ces métiers essentiels.
(1) Un GT s’est tenu en mai 2024 pour évoquer une revalorisation des médecins, qui se ferait avec une reconstruction de la grille de traitement (2 grades au lieu de 3 actuellement et accès à la HEB bis). Depuis plus de nouvelles…
(2) Le SNALC, en intersyndicale, combat ce projet de décentralisation qui ne vise qu’à cacher la misère.
Article à paraître dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1495 du 29 novembre 2024