Sur Franceinfo, Jean-Rémi Girard répond aux questions sur l’organisation des autotests et sur le baccalauréat.
À retrouver sur le site de Franceinfo. Interview diffusée le 3 mai 2021
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Le fait qu’il y ait des autotests, c’est une très bonne chose. Le SNALC les demande depuis plusieurs mois. On souhaiterait même qu’on puisse les élargir au-delà du lycée, puisque la haute autorité de santé a jugé qu’ils étaient pertinents à tous les niveaux du système éducatif. La grosse difficulté, c’est l’organisation. On les reçoit avec du retard, ça c’est normal on est habitués maintenant, on les aura dans le courant de la semaine pour les personnels, peut-être un peu plus tard pour les lycéens. La grosse difficulté c’est l’organisation concrète puisque le ministère, le gouvernement tiennent impérativement à ce que les autotests des lycéens aient lieu dans le lycée. Ça, c’est tout a fait délirant en fait pour des autotests. Les lycéens sont parfaitement capables de les faire chez eux ; c’est beaucoup plus simple. Nous devons organiser des sessions d’auto tests, ce qui est un peu dangereux sanitairement dans la mesure où les élèves doivent pendant un quart d’heure rester au même endroit à 2 m l’un de l’autre. Bref on ne sait pas comment on va faire cela.
journaliste : Concrètement toute une classe va arriver le matin et on va dire à tous les élèves de se tester en même temps ?Vous ne savez pas du tout comment cela va se passer ? C’est ça en fait ! C’est ce qu’on essaye de résoudre. C’est cette quadrature du cercle qu’on essaye de résoudre car on est déjà dans des demi-groupes ou dans des demi-jauges pour beaucoup de lycées depuis le mois de novembre dernier, c’est le cas de mon lycée par exemple. On a déjà peu d’heures de cours avec les élèves et en plus on a les épreuves du bac qui n’ont pas du tout été supprimées pour la fin de l’année pour le moment. journaliste : On va parler du bac après. Il va falloir encore trouver du temps pour organiser des autotests pour encore perdre des heures d’enseignements alors qu’on court après le temps et surtout en présentiel puisqu’on n’en aura en gros que la moitié ! Ce serait tellement plus simple de faire ces tests à la maison et c’est en plus la préconisation du conseil scientifique et de la haute autorité de santé. Nous sommes arrivés au point où des chefs d’établissements, qui sont des personnels généralement extrêmement respectueux de la hiérarchie vont se trouver dans des positons possibles de désobéissance face à une consigne ministérielle. Je crois qu’il faut que le ministère retrouve la raison sur ces autotests. Ils sont demandés, ils sont attendus, ils sont utiles sur le plan sanitaire mais qu’on arrête de nous embêter avec des modalités d’organisation ubuesques. journaliste : En gros, vous me dites que votre métier c’est d’enseigner, non de faire des tests. L’union nationale des lycéens appelle aujourd’hui à des blocus dans les lycées. Il y en a eu d’ailleurs, pour demander que le bac soit entièrement validé en contrôle continu. Est-ce que vous suivez ce mouvement ? Non, le SNALC n’est pas un syndicat qui a recours ou qui soutient des modalités de blocus, car ce sont des modalités très dures et hors du cadre légal, ce n’est pas des choses qu’on soutient. En revanche, ce que l’on comprend, et l’UNL est une organisation lycéenne avec laquelle on a des échanges, ce que l’on comprend et ce qu’on voit, c’est qu’il y a un état de tension extrêmement fort chez les lycéens, chez leurs parents et chez les personnels de l’Éducation nationale sur cette course aux épreuves du bac notamment sur le grand oral qui est une épreuve qu’on n’a jamais fait passer, qui est une épreuve à laquelle on est extrêmement mal préparés et les professeurs et les élèves ; même sur le français et la philosophie, c’est difficile ! Il va falloir que le ministère lâche du leste. journaliste : Vous n’êtes pas pour les blocages, on l’a compris. Mais concrètement pour la tenue des épreuves, vous voudriez que certaines épreuves n’aient pas lieu en présentiel mais que d’autres oui, c’est cela ? Tout à fait, au moins le grand oral, a minima le grand oral ne peut pas avoir lieu pour nous en présentiel. Il faut quand même qu’on se rende compte qu’on a maintenu une réforme structurelle du lycée et des trois voies du lycée, (la voie professionnelle avec le chef d’oeuvre, c’est le même problème). Une réforme structurelle du lycée en pleine pandémie mondiale. Et on se retrouve au bout du bout de la réforme en disant : « allez maintenant le grand oral et s’il vous plait, soyez bienveillants ». |