Les quelques interventions de notre ministre Pap Ndiaye nous alertent et nous font craindre le pire pour l’avenir de l’école.
En 2022, le professorat des écoles n’est pas le plus beau métier du monde : les difficultés de recrutement touchent plus que jamais le premier degré.
Comme notre niveau d’études serait « excessif » (le CRPE a pourtant été repoussé d’une année par ce même gouvernement), notre ministre remet en doute le niveau d’exigences et de compétences professionnelles que l’enseignement à nos jeunes élèves requiert et participe ainsi lui-même à la dépréciation de notre profession.
La rémunération des PE ne correspond pas à celle d’un cadre A et ils restent d’ailleurs classés en catégorie intermédiaire. Quant aux motifs de découragement, ils sont nombreux : perte du pouvoir d’achat, déconsidération sociale, conditions de travail dégradées, manque de soutien de la hiérarchie, augmentation du nombre d’élèves en inclusion avec des cas de plus en plus difficiles à gérer, coéducation envahissante… Et on se demande pourquoi le métier n’est plus attractif ? En ce qui concerne les évaluations d’école, le SNALC y est totalement opposé. Les 108h sont déjà plus que dépassées. Les professeurs des écoles ont bien mieux à faire que s’autoévaluer et subir ensuite une enquête de satisfaction client pour parents, élèves et municipalité, dont les résultats remettront une fois de plus en doute leur professionnalité.
Les missions dévolues à l’école sont tellement nombreuses et éparpillées que la direction d’école en subit les conséquences. Mis à part un allégement du régime des décharges encore insuffisant, les directeurs n’ont vu aucune amélioration réelle de leurs conditions d’exercice. Leurs responsabilités sont grandissantes et leurs besoins réels restent insatisfaits.
Les propos apaisants de notre nouveau ministre peuvent peut-être rassurer les parents d’élèves sur l’accueil de leurs enfants mais ils ne rassurent en rien les professionnels de l’éducation. Pour le SNALC, les professeurs du premier degré attendent le rattrapage salarial qui leur est dû et des conditions d’enseignement acceptables, sans pacte, ni missions supplémentaires, ni concertations ou grands débats stériles. Redonner de l’attractivité commencera par là.
Article paru dans la Quinzaine universitaire n°1468 du 9 septembre 2022