Les évolutions des programmes le montrent : la transmission des connaissances n’est plus le cœur de notre métier. Le SNALC trouve cela très grave et n’est visiblement pas le seul.
Un courant de pensée dans l’Éducation nationale prétend que les connaissances enferment et discriminent alors que les compétences seraient égalitaires et libératrices, que les disciplines ne servent à rien par et pour elles-mêmes mais doivent transmettre de plus grands et nobles contenus.
Pour le SNALC, cette vision de l’Éducation nationale doit être combattue fermement.
En effet, les compétences, limitant par exemple trop souvent le français et les langues au fait de communiquer, n’ont rien pour élever au sens noble du terme.
L’insertion de grands thèmes sociétaux et environnementaux – même s’ils sont importants – est dangereuse car ces thèmes en viennent à remplacer les savoirs au lieu d’en découler. Ainsi, les professeurs sont censés faire du prêchi-prêcha sans ennuyer leur public par un contenu scientifique… convaincre sans enseigner. Donc, la mission – qui n’était pas ce pour quoi nous avions signé au départ – devient de plus en plus difficile et le propos du professeur peut être confronté à celui de la famille, des réseaux sociaux et autres influences.
En prétendant former l’esprit critique sans transmettre le savoir, en psalmodiant que Google donne accès au savoir et que, dès lors, l’Ecole doit changer, en considérant que la transmission des connaissances est passéiste et réactionnaire, notre institution prépare une société où la terre plate et la lune creuse ont de beaux jours devant elles.
Le SNALC veut, au contraire, une société où chacun a le bagage culturel pour vraiment comprendre le monde qui l’entoure. Visiblement, nous ne sommes pas les seuls à penser cela. Un sondage IFOP[1] montre en effet que, pour 89% des Français, la transmission des savoirs doit être le rôle premier de l’Ecole, loin devant la réduction des inégalités, l’insertion professionnelle et la citoyenneté. Sans doute est-ce parce que, en réalité, les dernières sont consubstantielles de la première.
À défaut d’écouter le SNALC, le ministère entendra-t-il la vox populi ?
[1] Les Français et l’école : état des lieux et perspectives d’évolution : https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2022/09/118724-Rapport-SR-N191.pdf
Article paru dans la Quinzaine universitaire n°1468 du 9 septembre 2022