L’image du latin et du grec ancien n’a pas attendu les jalousies de quelques collègues frustrés pour être écornée. Le SNALC existe pour défendre les intérêts matériels et moraux des personnels, et donc ceux des professeurs de Lettres classiques. Nombre de nos établissements privés ont des devises en latin qui reste la langue historique de l’Église. Pourtant, les établissements sous-contrat rencontrent de sérieuses difficultés de recrutement de professeurs de Lettres classiques. Bientôt, plus personne ne saura traduire le célèbre Habemus papam dans son entier ni même comprendre la devise de son propre établissement.
Il est vrai que les adultes ont joué un bien mauvais rôle dans la dégradation progressive de ces enseignements dans l’Éducation nationale : chefs qui prennent des heures car ils en ont « besoin », professeurs qui voient nos groupes avec envie et qui estiment qu’on « vole » des heures à nos DHG, sans compter les parents et quelques collègues sans cervelle qui disent haut et fort tout le mal qu’ils pensent d’enseignements, selon eux, obsolètes, et passés de mode.
À tous ceux-là, nous répondrons que contrairement à un langage informatique qui sera obsolète dans 25 ans, le latin et le grec ont traversé 2800 ans d’histoire sans bouger. C’est d’ailleurs peut-être ce caractère immuable qui en défrise plus d’un. “Et la créativité de nos élèves, de nos enfants ? Elle ne peut s’exprimer dans des cours de langue mortes !” C’est bien mal connaître les capacités de nos élèves et les ressorts infinis du savoir à créer l’engouement chez les générations qui nous sont confiées. Qui pourrait nier qu’il a déjà vu un élève prendre un plaisir manifeste à résoudre une équation ?
Ce sont avant tout des préjugés et surtout une forme de barbarie qui s’expriment par la bouche des adversaires du latin et du grec, car il y a bien barbarie quand on dénigre une part entière de la culture et de notre civilisation. Ces ennemis du savoir qui méprisent les « intellos », veulent « innover » et font obstacle à tout tenant de méthodes traditionnelles jugées « réactionnaires et inutiles » sont les mêmes que ceux qui veulent abolir la dictée avec cet argument imparable, tenu par des IPR : “Dans la vraie vie, vos élèves ne feront pas de dictée”. À ce stade de bêtise, on pourrait leur répondre qu’entrer dans la classe de latin et de grec, c’est comme aller au Louvre. On peut effectivement ne jamais en passer le seuil. Est-ce souhaitable pour autant ?
Nous disons donc aux pédagos de tout bord qu’ils peuvent être fiers d’avoir par lâcheté et par complaisance saboté les fondements de notre langue et de notre culture. Ils ont accompagné la pénurie de moyens qui chaque année grignote les faibles marges permettant à nos options d’exister. Bientôt ce seront leurs propres matières qui seront en concurrence avec les autres, comme c’est aujourd’hui déjà le cas dans les lycées. Quand tout sera option, l’école sera intégralement à la carte.
Ainsi le problème vient bien des adultes, et non des enfants. Car de la même manière qu’on ne naît pas raciste, on ne devient inculte qu’à condition d’y avoir été poussé par des adultes irresponsables et qui ont renoncé à leur mission première : instruire et éduquer.
Avis donc aux collègues et aux parents : au SNALC, on défend le latin et le grec car on refuse de se résigner au crépuscule du savoir.