Le président de la République a avoué, devant les recteurs, ignorer qu’il existât un objet appelé projet d’établissement. Pis que cela, selon lui, cette ignorance est partagée dans l’Éducation nationale. Si le chef de l’État connaît désormais le rôle du projet d’établissement, il faut que les professeurs soient conscients, eux aussi, de son importance.
À l’heure où il existe une volonté politique de mener une véritable « révolution copernicienne » dans l’Éducation nationale, la mention du projet d’établissement devant les recteurs peut ne pas être pleinement innocente.
Sans aller jusqu’à faire de nos dirigeants des Machiavels, gageons que cette découverte a pu leur permettre d’entrevoir des leviers d’action – ah, le beau jargon.
Les lecteurs assidus du SNALC connaissent l’article L.912-1-1 du code de l’Éducation.
« La liberté pédagogique de l’enseignant s’exerce dans le respect des programmes et des instructions du ministre chargé de l’éducation nationale et dans le cadre du projet d’école ou d’établissement avec le conseil et sous le contrôle des membres des corps d’inspection […] » Ainsi, quiconque veut faire passer des réformes allant à l’encontre de notre liberté pédagogique, quiconque veut nous ravaler au rôle d’exécutants, dispose de deux outils : les programmes et instructions officielles d’une part, le projet d’école ou d’établissement d’autre part.
Sur les premiers, l’institution est un peu coincée. Il y a une forme de contrôle assurée par les syndicats. Le SNALC veille d’ailleurs à retirer des programmes tout ce qui empêche l’exercice de la liberté pédagogique.
Le projet d’établissement est beaucoup plus dangereux, pernicieux. On l’ébauche en groupes de travail… mais, après dialogue avec le rectorat, l’objet devient souvent un document administratif qui n’a plus rien à voir avec le travail des professeurs.
Ajoutons que, désormais, les évaluations d’écoles ou d’établissement vont permettre à des experts extérieurs à l’établissement ou à l’école, dont des inspecteurs, d’intervenir dans la rédaction des futurs projets.
La vigilance de chacun s’impose, sur le terrain. Et le SNALC est là pour vous épauler.
Article paru dans la Quinzaine universitaire n°1468 du 9 septembre 2022