Qui doute un instant parmi nous que nos prestations quotidiennes ne demandent une concentration de tous les instants, comparable au métier d’acteur de théâtre face à un public… plus ou moins conciliant ? Car c’est bien cela une heure de cours : une prestation de haut vol qui doit capter l’attention de l’assistance sans laisser place à l’erreur ou au doute.
Là s’arrête toutefois la comparaison : l’acteur, le rideau tiré, part pour d’autres cieux. Le professeur, lui, doit faire face à l’usure du quotidien, ce qui relève parfois de l’héroïsme. La sonnette ayant retenti, il reste sur scène et doit encore : mettre un mot dans un carnet, prendre des rendez-vous pour la prochaine réunion parents-professeurs, remplir le cahier de textes, répondre à un parent et à l’infirmière ou à la CPE sur l’ENT, aérer la pièce, préparer son bureau en sortant cours et plan de classe et effacer le tableau ou encore changer de salle pour la prestation suivante. Il peut enfin accueillir la classe d’après et la faire mettre en rang dans un couloir bondé et bruyant.
Comme au théâtre, chacun rejoint alors sa place, comme au théâtre… Ah non, l’acteur n’a pas à faire l’appel, à demander à s’asseoir et à sortir rapidement ses affaires, à calmer le brouhaha, à improviser sur les bobos, les demandes juste après la récréation pour les toilettes ou la vie scolaire, les oublis de cahier, de trousse ou d’ordinateur portable… Vient alors le contrôle du travail demandé : après les excuses improvisées, les éventuelles agressions verbales et autres jets de carnets de correspondance, il faut faire fi des soupirs et clins d’oeil en soutien au fautif. Vérifier que le travail est fait, quelle idée ! Quant à rappeler à l’ordre les rétifs au port correct du masque, les mâcheurs de chewinggum, et les rebelles refusant de quitter leur manteau ou d’adopter une posture de travail, voilà qui semble relever du vice.
Rarement de « standing ovation », donc ! Notre métier, du primaire au supérieur, souffre de conditions de travail qui se dégradent ; et les réformes successives semblent toutes oublier la réalité de la salle de classe.
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Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1463 du 18 mars 2022