
Dans le cadre de l’agenda social, un chapitre porte sur la refondation de la relation-parents professeurs et propose de passer « de la coéducation à l’alliance éducative ». La lecture des documents de travail a quelque peu agacé le SNALC. Dès la première minute, le SNALC a préféré clarifier sa position. Si la réunion avait pour but de trouver le moyen pour le professeur d’améliorer la relation de confiance avec les parents, de trouver des pistes pour l’enseignant pour mieux coopérer avec eux, d’avoir un discours plus constructif, de trouver des pistes pour des médiations internes et externes, pour le SNALC, c’est NON ! Le professeur le fait déjà chaque jour. Cela suffit ! Les problèmes relationnels rencontrés avec les parents ne sont pas liés à un manque de savoir-faire ou de savoir-être de l’enseignant !
Dans une société où les règles sont de plus en plus bafouées, où les citoyens se sentent agressés en permanence par des décisions politiques qui n’inspirent plus la confiance, il est difficile pour certains parents de faire confiance aux institutions. Avides de faire entendre leur colère, ces derniers s’en prennent au premier service public qu’ils croisent : l’école. Les enseignants sont par conséquent les premières victimes de cette violence latente à l’égard du pouvoir en place. De plus en plus de parents en sont à considérer l’école comme un service qui leur est dû, et à considérer les enseignants comme des agents à leur service, à savoir des animateurs, des éducateurs, des médiateurs… et de temps en temps, des professeurs.
Dans le premier degré, la place des parents de plus en plus prépondérante nous met aujourd’hui en souffrance et en difficulté d’enseigner. En effet, ils sont entrés dans les écoles, puis dans les classes et ils peuvent aller jusqu’à scruter et mal interpréter les moindres faits, gestes et paroles des enseignants. Ils ne se contentent plus de critiquer et condamnent tout ce qui peut ressembler à un écart, à une injustice vis-à-vis de leurs enfants. La moindre incompréhension de leur part nécessite pour le professeur de prendre le temps de se justifier avec un maximum de précautions pour éviter que cela prenne des proportions incontrôlables. Quel professionnel accepterait d’être remis en cause en permanence dans son expertise et son savoir-faire par ses clients et de devoir justifier les choix qu’il fait dans sa pratique professionnelle ?
Certains parents n’hésitent parfois pas à user de tous les moyens possibles pour contraindre l’enseignant à accepter leur requête. Un acharnement qui se moque des objectifs pédagogiques des enseignants et qui rend le travail quotidien dans certaines écoles, insupportable. Et cela finit par démotiver même les plus engagés d’entre nous. Certains sont ainsi poussés à quitter l’Éducation nationale et voire parfois, – et souvent par manque de soutien de la hiérarchie – seuls devant des agressions gratuites, à en arriver, excédés, à prendre des décisions tragiques.
Non, cela suffit ! Il est donc temps d’arrêter de trouver comment ouvrir encore mieux les portes des écoles. Plutôt que de réfléchir à quelle attitude adopter pour améliorer les rapports entre parents et professeurs, commençons par imposer des limites et commençons par rappeler aux parents leurs devoirs et obligations. Pour le SNALC, il est grand temps de reprendre les choses en mains et de resanctuariser l’École, de rendre au professeur son statut de spécialiste, de professionnel de l’enseignement.
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