Beaucoup d’encre a coulé cet été pour dénoncer le grand fatras de Parcoursup.
Les chiffres les plus fous ont été évoqués allant de 160 000 à 3 000 étudiants privés d’affectation, désorientés…
Le SNALC, il est vrai, a aussi constaté des dysfonctionnements mais nous demeurons cependant très prudents et nous n’envisageons pour l’heure aucune conclusion hâtive. Ne soyons pas dupe ! Derrière le grand écart des chiffres se jouent des stratégies de communication et d’opposition politico-idéologiques sur la thématique de l’orientation dite sélective à l’enseignement supérieur.
Il serait bon de dépassionner les débats et d’attendre le bilan objectif de Parcoursup que l’IGAENR rendra fin septembre.
En attendant nous vous présentons deux témoignages de deux postulants en STAPS, parus dans Le Monde au cours de l’été, qui éclairent de manière singulière et différente cette polémique et alimentent judicieusement la réflexion.
Le premier cas met en lumière un type de contestation généré par Parcoursup, très audible mais peu admissible. Il concerne un néo-bachelier issu de la filière ES qui s’est vu refusé son orientation en STAPS, remplacée par une proposition d’inscription en licence de droit.
Voici des éléments du témoignage :
« J’avais un dossier correct, à 10 de moyenne » affirme le jeune homme.
« Je me suis retrouvé, comme beaucoup, sur liste d’attente. J’étais plutôt dans les 500e… En constatant que les places avançaient rapidement, je me disais que j’avais des chances d’être accepté … J’ai patienté »
Sans plus de qualifications supplémentaires, qui pourtant faisaient partie des attendus de cette orientation, il constate :
« Le 29 août, c’est finalement la CAES qui m’a fait une proposition d’admission en licence de droit (…) Cette voie ne correspond pas du tout à mes vœux de départ (…) Parcoursup, c’est une galère (…) En fait, je suis bloqué entre accepter une orientation non choisie et qui ne me convient pas ou ne rien faire de mon année (…) Je pense faire cette année de droit tout en passant mon BAFA pour avoir plus de chances de me réinscrire en Staps l’année prochaine ».
Il rajoute :
« J’ai passé mes vacances dans le doute, dans le stress et l’incompréhension ».
Ce témoignage, malgré toutes les réserves liées à l’étude de cas individuels, est très révélateur.
Voilà une personne qui se fait la victime de Parcoursup sans même envisager une seconde qu’elle est largement responsable du refus qui lui a été signifié. Pas même titulaire du BAFA, avec un bac obtenu de justesse, dans une filière peu adaptée au cursus envisagé, elle grossit le rang des contestataires alors que l’impréparation de son orientation est manifeste. Face à un tel manque d’autonomie, de lucidité, de responsabilité, Parcoursup ne lui propose t’il pas le meilleur choix… Refaire une année de maturité qui ne pourra que mieux le préparer à affronter les exigences de l’enseignement supérieur !
Voici le cas d’un bachelier aussi issu de ES avec de surcroît un niveau inférieur au premier :
« Mes résultats en sciences des années précédentes ainsi que ma filière de bac faisaient tache sur mon dossier Parcoursup. Mes chances d’intégrer Staps étaient très faibles (…) J’avais des notes entre 0 et 4. J’avais des grosses difficultés ».
Mais il s’est projeté dans son orientation de façon beaucoup plus responsable, active et constructive.
« J’ai alors tout fait pour améliorer mon dossier : j’ai entraîné les jeunes de mon club, j’ai été élu président adjoint de l’association sportive de mon lycée, j’ai pris des cours particuliers en maths. Sur Parcoursup, j’ai postulé dans six licences Staps et, en choix de secours, dans des facs de psycho et de sociologie ».
Ainsi, contrairement au précédent par rapport auquel il était finalement moins bien positionné, ce candidat par son investissement et les compétences travaillées a été reconnu par Parcoursup. Il a ainsi obtenu satisfaction mais sous condition :
« Ce qui m’intéressait, c’était la licence de Staps à la fac de Nanterre, pour laquelle j’avais obtenu la réponse “oui, si – en attente de place”, et où j’étais 700e dans la file (…) J’ai compris que si j’étais pris, il faudrait que je suive des cours supplémentaires de mise à niveau (…) Mi-juin, j’ai découvert que j’étais pris dans l’université que je souhaitais. J’étais aussi accepté à Orsay et à Descartes, mais j’ai tout de suite confirmé Nanterre (…) J’étais heureux. J’ai perçu l’acceptation en « oui, si » comme une chance qui s’offrait à moi car je pense que, sans cet aménagement, je n’aurais pas été pris. »
Loin de faire partie d’une élite et malgré ses difficultés, retenu par Parcoursup, ce jeune intégrera la filière STAPS, mais avec un soutien complémentaire tel qu’il a été prévu en amont par le GT10, suivi dans les faits. La réforme est ici pleinement fidèle à son esprit initial, axé sur l’intégration et la réussite dans l’enseignement supérieur d’un public large mais déterminé.