Dans une tribune publiée récemment par La Dépêche du Midi, le recteur de l’académie de Toulouse, Mostafa Fourar, a suscité un débat en plaidant pour une implication accrue des parents dans le processus d’orientation des élèves. Sa proposition phare : le dispositif “Parents en entreprise“.
De prime abord, l’idée peut paraître séduisante. Permettre aux parents de découvrir le monde professionnel aux côtés de leurs enfants et les informer sur les débouchés existants, ne peut que favoriser l’implication parentale et le dialogue familial autour de l’orientation
Cependant, un tel dispositif, sous les dehors modernes d’une fructueuse collaboration, pourrait paradoxalement déboucher sur un creusement des inégalités. En effet, il ne faudrait pas que, programmant son désengagement et déléguant la plus grande part de l’information sur l’orientation aux familles, l’école ignore les réalités auxquelles elles sont confrontées. Ainsi, tous les parents n’ont-ils pas forcément la même disponibilité ni les mêmes ressources pour participer à ces initiatives. Proposer des temps d’échange, des journées portes ouvertes et des visites d’entreprise de proximité ne saurait donc se substituer à un travail plus approfondi par des experts de l’orientation au sein de l’institution scolaire.
Déléguer cette responsabilité aux familles n’est-ce pas en effet passer à côté du rôle fondamental de l’école ?
Ainsi, alors qu’un recteur prend la vertueuse initiative de placer les parents au cœur du système d’orientation, le SNALC s’inquiète de la mise à l’écart croissante des enseignants et des professionnels de l’orientation, seuls véritables experts de l’accompagnement éducatif. Dans cette perspective, la démarche se teinte davantage d’une quête de visibilité médiatique…
À l’heure où l’Éducation nationale doit faire face à de nombreux défis, le SNALC appelle à un soutien massif et réel des personnels enseignants et encadrants, dont le rôle est essentiel pour garantir l’équité et la qualité de l’orientation scolaire. Nous revendiquons une véritable revalorisation de la fonction enseignante et des moyens accrus pour que chaque élève, indépendamment de son origine sociale, ait accès à un avenir professionnel éclairé et prometteur. Les initiatives d’orientation doivent s’appuyer d’abord sur le cœur de la mission éducative de l’école : offrir à chaque élève les mêmes chances de réussite, sans alourdir la charge des familles ni détourner les responsabilités de l’institution.
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1499 du 14 mars 2025