AUDIENCE AVEC ALEXANDRE PORTIER, MINISTRE DÉLÉGUÉ
chargé de la réussite scolaire et de l'enseignement professionnel
Mardi 22 octobre 2024
Compte rendu du SNALC
LE THÈME
- L’orientation
- Le lycée professionnel
- Le handicap à l’école
L’ESSENTIEL
- Orientation : organisation d’une consultation de toutes les parties prenantes.
- Pour la transformation de la carte des formations professionnelles, le ministre a assuré que le sort des personnels était un point central, sans toutefois répondre à la demande du SNALC d’une prévision chiffrée des fermetures de postes par académie.
- Pour l’année de terminale Bac pro et le repositionnement de toutes les épreuves en juin, au prétexte d’un statut quo des réformes, il n’a pas entendu la demande du SNALC. Point positif, il a confirmé que les velléités des régions de prendre en charge l’enseignement professionnel ne sont pas d’actualité et a confirmé le maintien de l’enseignement professionnel au sein de l’Éducation nationale.
- Le handicap à l’école : propositions à venir pour mieux former et valoriser les personnels de l’Éducation nationale et simplifier le parcours des familles.
LE SNALC A INSISTÉ SUR
- La nécessité d’ouvrir le débat sur l’orientation jusqu’aux études supérieures en y incluant notamment les associations d’enseignants des CPGE.
- Le mal être des PLP en raison de l’incertitude sur leur avenir professionnel, et la dégradation de leurs conditions de travail due aux sureffectifs en LP pour la deuxième année consécutive, faute de création suffisante de places de formation en 2de. Cela remet en perspective l’orientation choisie comme source de réussite scolaire, puisque cette sur-affectation fait fi le plus fréquemment des vœux des élèves.
- Le retour de toutes les épreuves du bac pro en fin de Terminale, sans quoi cette année de terminale est infernale pour les PLP et pénalisante pour la qualité de la formation en raison de l’absentéisme prévisible des élèves, comme l’a déjà prouvé le positionnement des épreuves de spécialité en mars en LGT, abandonné à la session 2024.
- La concurrence d’un public plus mature ou mieux positionné socialement subie par les élèves de LP pour les PFMP, la poursuite d’études et l’insertion professionnelle. Pour les PFMP, le SNALC a suggéré l’ouverture de la clause sociale de formation sous statut scolaire inscrite dans les marchés publics, à tous les élèves et non plus seulement aux décrocheurs. Toujours, dans le domaine des PFMP, pour soulager les PLP des tâches administratives, il a suggéré également l’introduction de la signature électronique et la saisie des absences par les entreprises dans le projet de numérisation des conventions de stage.
- La surreprésentation des élèves en situation de handicap dans la voie professionnelle, qui alourdit la tâche des PLP et est source de souffrance au travail, faute de moyens pour mener ces élèves à une insertion professionnelle compatible avec leur handicap.
- L’inclusion réussie ne peut s’entendre sans la nécessaire amélioration des conditions de rémunération et de travail des AESH, conditions actuellement indignes, avec un salaire en dessous du seuil de pauvreté.
L’AVIS DU SNALC
Pour le SNALC, la focale sur l’orientation, au-delà des résultats scolaires, n’est pas l’élément essentiel d’une poursuite d’études et d’une insertion professionnelle réussies pour tous. Elle pourrait même être contreproductive en creusant l’écart entre les promesses de l’institution et la réalité des attendus.
Pour réellement améliorer les choses, il faut briser le cercle vicieux de décennies d’ambition sans moyens, qui ont conduit à des classes surchargées à tous les niveaux de la scolarité, et à une dévalorisation des métiers de l’Éducation nationale, source d’une grave crise d’attractivité amplifiant les maux précités.
Ce délabrement a été masqué par une politique de diplomation à tout prix à laquelle il faut mettre fin afin de rendre à la certification toute sa valeur.
Cette problématique du quantitatif au mépris du qualitatif est particulièrement marquée dans l’enseignement professionnel, dont les heures de formation n’ont cessé d’être réduites depuis vingt ans, sous couvert d’arguments humanistes, et qui accueille la majorité des élèves les plus fragiles : ESH, allophones, élèves issus de SEGPA.
Quant à la politique ministérielle inclusive visant à développer la qualité après avoir fait du quantitatif, le SNALC veut rester positif car, après tout, mieux vaut tard que jamais ; mais il rappelle encore une fois que la qualité a un prix.