Il paraît, mais ce doit être une plaisanterie, que dans l’armée française autrefois, les soldats étaient priés de ne pas appliquer un ordre tant qu’ils n’avaient pas reçu le contre-ordre qui ne manquait jamais en effet de leur arriver.
Figurez-vous que chez les personnels infirmiers scolaires, cette anecdote n’est pas une plaisanterie. Et elle ne fait pas rire le SNALC non plus.
Ces personnels ont été priés, toutes affaires cessantes, d’abandonner le logiciel SAGESSE, dont ils se servaient depuis des lustres, pour utiliser désormais le nouveau logiciel LIEN qui est plus efficace, plus complet, plus « performant », plus pratique : n’en jetez plus ! Cela, c’était en juin 2022.
Hélas ! Les personnels ne l’ont pas trouvé si pratique et si merveilleux : ce logiciel leur demande beaucoup plus de temps – vous avez dit « chronophage » ? – et surtout, il ne fonctionne pas bien – vous avez dit « bug » ?
Le 30 août 2022, nouvelle directive : pour l’instant LIEN n’est pas utilisable car les autorisations n’ont pas été données par la DGESCO : consigne est donc donnée de retourner à SAGESSE pour le moment.
Le 31 août, le feu passe au vert, il faut utiliser LIEN : il sera disponible sur ARENA à partir du 1er septembre.
Le 5 septembre, on remballe, l’outil de référence pour cette année scolaire sera SAGESSE. Le 6 septembre, on peut utiliser le logiciel que l’on veut, au choix ou même les deux !
L’affaire est devenue si sérieuse que l’administration a été obligée d’accepter que les personnels infirmiers se servissent de l’ancien SAGESSE, puis de LIEN, et finalement les laisse libres d’utiliser l’un ou l’autre. Notez que le nouveau logiciel a été utilisé à titre expérimental dans cinq académies avant d’être étendu à l’ensemble de la France.
Comme quoi, les expériences ne servent pas à édifier le ministère. Souvenez-vous des premières utilisations désastreuses du logiciel destiné au remboursement des frais de déplacement, à l’instar du logiciel destiné à la paie des soldats, qui avait fini par conduire – ou presque – leurs épouses à la soupe populaire.
Certes, l’affaire n’est pas aussi grave dans le cas de LIEN, mais le SNALC demande quand l’on cessera de proposer des outils informatiques aussi désespérants, qui font perdre beaucoup plus de temps qu’ils n’étaient censés en faire gagner.