Le ministère a réformé les Master MEEF premier et second degrés, ainsi que la place et le contenu du concours. S’il est toujours possible de passer le CRPE avec un Master disciplinaire, le ministère a annoncé son intention d’augmenter le nombre de candidats issus des Master MEEF et d’en faire la voie « normale » d’accès au métier.
Le contenu des Master MEEF a été réformé pour coller au nouveau référentiel métier et comporte des nouveautés – dont certaines saluées par le SNALC – comme l’apparition d’un module spécifique sur l’école maternelle (suite aux assisses de la maternelle). Même si cela peut sembler évident, dans les faits, cela ne l’a jamais été, avec des différences de formation très importantes selon les sites. L’ajout d’un module sur la psychologie de l’enfant et de l’adolescent (cognitif et psycho-affectif) est également un apport indispensable dont le SNALC se réjouit. Enfin, l’enseignement des bases sur les droits et devoirs de l’enseignant, indispensable pour connaître les limites de ce que l’on peut juridiquement faire ou ne pas faire, fait son apparition. Des éléments qui, pour le SNALC, auraient dû être dans la formation initiale depuis toujours… Par ailleurs, la formation initiale verra une légère augmentation du temps consacré aux fondamentaux et à l’enseignement à l’aide du numérique.
Le concours se passera dorénavant à l’issue du M2, ce qui implique que les reçus seront fonctionnaires stagiaires après le M2. Des imprécisions existent encore sur cette année post-concours selon le parcours antérieur du candidat, passé par le MEEF ou un autre Master. Une certitude : l’entrée dans le métier est de nouveau repoussée, ce qui rend la question du financement des études de plus en plus problématique.
Si des améliorations du MEEF apparaissent, nous savons tous parfaitement combien la formation est ardue et de plus en plus chargée. Les démissions et licenciements sont de plus en plus nombreux dans un contexte de baisse de candidats aux concours. Le ministère y répond en retardant encore l’entrée dans la vie active, en complexifiant le MEEF, en laissant de nombreuses zones de flou pour les lauréats titulaires d’un autre Master, avec une mini-revalorisation pour les débuts de carrière. Il croit ainsi pouvoir attirer encore un peu des étudiants loin d’être dupes de la réalité de la situation.
La formation se veut plus concrète, plus moderne, plus adaptée aux réalités. Le SNALC connaît bien ces éléments de langage dont raffole le ministre. Et nous sommes en droit de douter au vu de ce qui a été décrit précédemment, surtout en constatant que la part de formateurs en service partagé passe seulement de 25 à 33 %. Le ministère qui semblait avoir entendu les reproches des stagiaires qui dénonçaient, année après année, une formation trop théorique et « jargonnante », annonçait une augmentation de la part de formateurs en service partagé, c’est à dire des enseignants de terrain intervenant au sein de la formation : maîtres-formateurs, maîtres d’accueil ou conseillers pédagogiques. Pour des interventions ponctuelles mais plus concrètes, les temps d’enseignement assurés par ces collègues qui représentaient entre 20 et 25 % du temps de la formation, seulement, passeront ainsi à…33%. Le SNALC a milité en vain pour que cette part soit de 50 % pour pouvoir augmenter nettement les temps d’observation en classe, de pratique accompagnée, de préparation et retours d’expérience avec des collègues de terrain chevronnés.
En somme, comme toujours, beaucoup de communication et de promesses. Et une déception de plus au final.
LE PREMIER DEGRÉ 46 – juin 2021
Par Xavier Perinet-Marquet, SNALC Premier degré
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