Si à son tour Gabriel Attal fait sienne la formule « lire, écrire, compter », et que certaines de ses annonces sont les bienvenues, rappel historique et lucidité ne sont pas inutiles en la matière.
Lors de sa conférence de presse de rentrée du 28 août dernier, le ministre de l’Éducation nationale a appelé de ses vœux un « choc des savoirs » centré sur l’enseignement du français et des mathématiques et s’est félicité de « mettre le paquet sur les savoirs fondamentaux à tous les niveaux ». Le SNALC ne peut que louer cette intention quand près d’un enfant sur trois ne dispose pas du niveau attendu à l’entrée en 6e.
Mais le SNALC ne se contente pas d’une formule choc – on n’a pas oublié « le choc d’attractivité » de son prédécesseur.
Depuis la Restauration (1815), l’antienne « lire, écrire, compter » n’a cessé d’être au coeur des discours officiels ; Adolphe Thiers la consacra sous la Monarchie de Juillet : « Lire, écrire, compter, voilà ce qu’il faut apprendre ; quant au reste, cela est superflu. » Dans l’époque récente, en 2008, Xavier Darcos souhaitait « un retour aux fondamentaux » dans lesquels il englobait l’histoire et l’instruction civique ; en 2015, Najat Vallaud-Belkacem, avec le fameux « socle commun », déclarait que les savoirs fondamentaux étaient « le cœur de la refondation de l’école » ; en 2019, Jean-Michel Blanquer, voulait « faciliter l’apprentissage des savoirs fondamentaux : lire, écrire, compter, et respect d’autrui » ; début 2023, Pap Ndiaye créait les « Conseils académiques des savoirs fondamentaux ».
Monsieur le Ministre, le SNALC espère que vous aurez plus de réussite en la matière que vos prédécesseurs. Mais force est de constater que les deux heures consacrées à la lecture en CP, la lecture de textes longs en CM1, la production d’au moins un texte écrit chaque semaine en CM2 sont plus des effets d’annonce que de réelles mesures, que l’heure de soutien prévue en français OU en mathématiques en 6e se fait au détriment de la technologie et dans des conditions de mise en œuvre impossibles, que le retour d’une heure trente de mathématiques en classe de 1ère a un intérêt très limité, bref que toutes ces mesures semblent répondre d’abord à un plan de communication qu’à une véritable prise de conscience des enjeux. Pour le SNALC, monsieur le Ministre, le compte n’y est pas. Est-ce là « mettre le paquet » ? Est-ce là un « choc » ?
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine Universitaire n°1481 du 6 octobre 2023