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Mathématiques : une catastrophe annoncée

© istock_malerapaso

Il est des choses que l’on ne voit pas, au ministère. Ou que l’on ne veut pas voir. Dès la mise en place de la réforme du lycée, le SNALC a exprimé son inquiétude quant à une diminution drastique à court terme des effectifs, que ce soit dans les instances ministérielles ou lors de ses prises de parole aux congrès de l’APMEP [1]. Nous le disions : le programme de la spécialité mathématiques est certes solide et intéressant, mais inadapté à l’ensemble des élèves qui suivaient un enseignement de mathématiques précédemment, avec des effets catastrophiques en termes de poursuites d’études.

Aujourd’hui, le désastre est évident. Et le SNALC conseille la lecture des notes 21.23, 21.37 et 21.41[2] de la DEPP. Entre 2018 et 2020, ce sont plus de 33000 heures de mathématiques qui ont été éparpillées façon puzzle, avec les conséquences sur les collègues qu’on connaît.

Aujourd’hui, 37 % des élèves de terminale générale ont la spécialité Mathématiques. Et si l’on prend en compte l’option complémentaire qui concerne les non spécialistes, cela ne fait pas beaucoup grimper les chiffres. La part d’élèves de la voie générale en terminale scientifique était de 51 %. Mais les ES et une partie des L faisaient toujours des mathématiques. L’Éducation nationale est donc en train d’empêcher une majorité d’élèves d’avoir des connaissances ou une culture mathématiques solides.

Enfin, et c’est tout aussi grave, la part de filles en spécialité mathématique est faible. Elle devient ridicule si l’on regarde l’option mathématiques expertes. En 2018, elles représentaient 47 % des élèves de Terminale S, et près des 2/3 des élèves de terminale ES.

Bien sûr, le ministère vous dira que l’on ne fait pas moins de mathématiques mais mieux de mathématiques. Les langues anciennes connaissent cette rengaine à chaque fois que leurs heures sont attaquées. Bien sûr, le ministère lance des réflexions sur l’égalité filles / garçons et pense même parfois à appliquer des quotas, alors que de l’autre côté il remet en cause vingt ans de travail sur l’accès des filles aux mathématiques.

Le SNALC demande donc solennellement que la place des mathématiques au lycée soit remise sur la table des négociations et que les représentants des personnels et associations disciplinaires soient enfin écoutés.