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Jean-Rémi GIRARD

 

Edito de la revue Quinzaine universitaire n°1458 du 15 novembre 2021

Je parle bien sûr de la campagne électorale qui est déjà en marche. 

 

Le SNALC est un syndicat professionnel, et il en est fier. En tant que tel, il ne prend pas de positions ou de postures politiciennes ; il n’est pas « récupérable » ; il n’est dans aucun camp sinon celui des personnels. Il fait ses analyses en toute indépendance, s’appuyant sur les retours des agents, qui sont les mieux placés pour connaître ce qu’ils vivent. Enfin, il estime que les personnels sont suffisamment grands pour faire leur choix eux-mêmes, et qu’ils n’ont pas besoin d’un directeur de conscience pour savoir quel bulletin glisser ou ne pas glisser dans l’urne. 

 

Hélas ! force est de constater que ce début de campagne présidentielle (elle commence tôt) semble assez peu s’appuyer sur votre vécu. Alors certes, une nouveauté, ça parle rémunérations ! Nul doute que le travail de communication mené par le SNALC depuis des années y est pour quelque chose. Enfin, en 2021, on commence à prendre conscience que des fonctionnaires de catégorie A niveau bac +5 payés au lance-pierre et éligibles pour beaucoup à la « prime carburant », c’est anormal. On commence à se rendre compte que c’est une honte que l’État paye des personnels AESH sous le seuil de pauvreté, et qu’il soit obligé quand il leur crée une grille de rémunérations de relever le pied de cette dernière afin qu’elle ne soit pas dépassée par le SMIC. On commence à s’apercevoir que le recours de plus en plus important à des contractuels précaires n’est pas normal. Que la désaffection des stagiaires pour une alternance sous-payée dans le cadre d’une réforme de la place du concours absolument stupide n’est pas un bon signe. Que la hausse lente mais régulière des démissions alors même qu’une procédure de rupture conventionnelle vient désormais s’y ajouter ne va pas dans la bonne direction. 

 

Rassurez-vous : une fois ces constats posés, ils sont très vite jetés par la fenêtre pour en revenir à des thématiques éprouvées, inamovibles, figées dans le temps. Et c’est la foire aux heures supplémentaires, au travailler + pour gagner +, au recrutement par les directeurs ou les chefs d’établissement, à la multiplication des postes comme Jésus multipliait les pains, et évidemment à la modification des programmes d’histoire, seule discipline enseignée dans notre système éducatif si l’on en croit le débat public. 

 

Qu’on s’entende bien : le SNALC a fait depuis longtemps le constat que les conditions d’exercice de nos métiers se sont dégradées, et que la taille des classes est un problème majeur. Mais la priorité est de redonner de l’attractivité à nos métiers, avant tout par une hausse de la rémunération sans contreparties. C’est seulement à ce moment que l’on aura des chances de trouver des personnes souhaitant s’engager en nombre dans nos professions, et que les postes pourront être créés ET trouver preneurs. De ce point de vue, le dossier du mois montre que le chemin est encore long en termes de conditions de travail et de climat scolaire. 

 

C’est pour cela que votre engagement au SNALC est important. Nous n’allons pas révolutionner le système d’un claquement de doigts, mais plus notre parole syndicale est portée, plus elle est soutenue dans chaque école, collège, lycée, université, plus elle est diffusée sur les médias nationaux et locaux, et plus vous pourrez peser dans le débat collectif, tout en étant individuellement soutenu dans votre métier. C’est pourquoi je remercie chacune et chacun d’entre vous, et que je vois dans l’augmentation continue de notre nombre d’adhérents un signe fort : celui que les personnels savent de plus en plus qui les défend réellement