La Convention des Nations Unies relative aux Droits des Personnes Handicapées a établi l’éducation inclusive en tant que droit en 2006 et approuve la création de mesures qui encouragent la scolarisation des enfants porteurs de handicap dans des établissements et écoles ordinaires. Comment ces élèves sont-ils pris en charge ? Que signifie « inclusion scolaire » à l’échelle européenne ? Le SNALC s’attarde sur le nombre d’élèves concernés réellement scolarisés en Europe et leurs conditions de scolarisation.
EN FRANCE
En 2023-24, 235 400 élèves en situation de handicap sont scolarisés dans le 1er degré et 232 850 dans le 2d degré, ce qui représente 438 250 élèves, soit 3 % des élèves. Ils peuvent être scolarisés :
- en milieu ordinaire,
- en ULIS (cognitif, mental, langage, moteur, auditif, visuel, pluri handicap),
- en UEMA et EEMA (autisme),
- en DAR (dispositif d’autorégulation des émotions),
- en IME (handicap intellectuel),
- en IEM (handicap physique),
- en ITEP (institut thérapeutique, éducatif et pédagogique),
- en IES (handicap visuel ou auditif),
- en EPEAP (polyhandicap).
Les élèves peuvent être accompagnés soit par des AESH, soit par des professeurs spécialisés.

EN BELGIQUE
En 2021, les élèves en situation de handicap représentent environ 5 % des élèves. Sur une population totale de 870 000 d’élèves, 38 000 élèves sont en enseignement spécialisé et 6709 sont intégrés en milieu ordinaire. Seuls les élèves atteints de retard mental léger, troubles du comportement ou de la personnalité, déficiences visuelles, sont inscrits en milieu ordinaire. Les élèves accueillis dans des classes spécialisées sont concernés par un retard mental léger, modéré, ou sévère, un trouble du comportement, des déficiences physiques, visuelles ou auditives, des troubles des apprentissages ou une convalescence. L’enseignement fondamental spécialisé (de 3 à 11 ans) est organisé en 4 degrés de maturité (non en cycles) et en années d’études comme dans l’enseignement ordinaire. Les élèves sont accompagnés en classe et en dehors de la classe par des professionnels : enseignant de soutien, personnel paramédical, logopède (prononciation).
En 2015, les élèves français dans l’enseignement spécialisé belge francophone étaient en surreprésentation par rapport à d’autres nationalités. En effet, proche de la frontière française, la Belgique accueille ces élèves faute de places ou de lieux adaptés à leurs besoins en France. Cependant, le gouvernement belge se tourne alors vers la France pour qu’elle prenne en charge financièrement la scolarité de ces élèves français.
EN ITALIE
En 2021, tous les élèves en situation de handicap, environ 300 000, sont scolarisés dans les classes ordinaires soit 3,6 % des écoliers. Cependant, il existe des instituts spécialisés pour les élèves aveugles ou sourds.
Un enseignant de soutien est affecté à la classe de l’élève handicapé en tant que ressource pour faciliter son inclusion. Si besoin, les classes de l’élève en situation de handicap ne dépasse pas un effectif de 20 élèves. Enfin, il peut être accompagné un certain nombre d’heures par un assistant d’éducation.
AU PORTUGAL
La quasi-totalité des élèves en situation de handicap sont scolarisés en milieu ordinaire en 2024. En 2018, seulement 1% des élèves étaient inscrits en établissement d’enseignement spécialisé. De plus, lorsqu’un ESH est inscrit dans une classe, l’effectif est réduit (20 élèves/classe). Ces élèves sont accompagnés d’un enseignant spécialisé et suivis par un éducateur spécialisé et un psychologue.
EN SUÈDE
En 2023, 1 111 568 élèves sont scolarisés en milieu ordinaire, 15 345 en écoles spécialisées et 784 en écoles spécialisées pour handicap physique grave. Il existe aussi des établissements pour les élèves sourds ou malentendants.
Leur système éducatif spécialisé propose deux alternatives : soit l’adaptation supplémentaire avec la présence d’un enseignant spécialisé, soit l’accompagnement particulier qui propose un soutien adapté, un placement en groupe d’enseignement spécial ou l’aide d’un assistant étudiant qui prend des notes en cours.
Pour les élèves en déficience intellectuelle sévère, il existe des classes d’éducation spécialisées intégrées aux écoles ordinaires.
EN ALLEMAGNE
En 2020, les élèves en situation de handicap sont scolarisés en milieu ordinaire (43,9 %) ou en écoles spécialisées. Dans ces classes ordinaires dites inclusives, les élèves sont suivis par des thérapeutes et des médecins. En classe, les élèves sont accompagnés par des aides pédagogiques et des accompagnateurs.
Malheureusement, certains länders n’acceptent l’inscription des élèves qu’en échange d’une compensation financière quand d’autres länders frôlent les 90 % de scolarisation sans conditions.
En conclusion, le SNALC rappelle qu’au niveau européen en 2023, 65 % des enfants en situation de handicap sont scolarisés en milieu ordinaire. En France, le nombre a été multiplié par 3 en 20 ans. Derrière cette très forte augmentation dont se félicite le ministère, se cache un manque de places dans l’enseignement, des AESH sous-payés, des élèves laissés sans soin ni rééducation. Plutôt que de faire dans le quantitatif, le ministère devrait s’inspirer de ses voisins en se souciant du qualitatif car trop d’élèves et d’enseignants sont en souffrance face aux problématiques liées à l’inclusion, mal appréhendée par manque de moyens.