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Les sacrifiés de l’Éducation nationale

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Mme Elisabeth Borne, ancienne Première ministre et nouvelle ministre de l’Éducation nationale du gouvernement Bayrou, nous a prévenus le lendemain de son arrivée à l’Hôtel Rochechouart, rue de Grenelle à la suite de Mme Genetet, qu’elle  « n’était pas une spécialiste des sujets de l’Éducation nationale ». Prenons le temps de réfléchir à cette déclaration. Nous, enseignants, responsables de former l’avenir de la Nation (j’ai déjà écrit à ce sujet), nous en avons de la chance ! Notre Premier ministre, M. Bayrou, en accord avec le président de la République, nous a choisi une ministre de l’Éducation nationale non spécialiste des sujets de l’éducation… Ce n’est pas possible : nous haïssent-ils ? Haïssent-ils nos enfants? Veulent-ils les condamner à l’ignorance ? Que leur avons-nous fait pour mériter, collectivement, pareil sort ?

Alors que ce ministère devrait s’enorgueillir d’avoir à sa tête le meilleur des meilleurs, soutenu par une équipe dévouée à ses personnels pour faire en sorte que TOUS ses professeurs se sentent encouragés dans leurs missions pédagogiques et éducatives pour préparer l’élite de l’avenir de la France, le 24 décembre 2024, dans le gouvernement Bayrou, nous avons accueilli une ministre qui nous annonce avec peu d’enthousiasme qu’ « elle n’est pas une spécialiste des sujets d’éducation » et qu’ « elle n’envisageait pas de participer de nouveau à un gouvernement ». Je vous donne le lien pour que vous puissiez constater le sourire motivé et engageant avec lequel notre actuelle ministre prenait ses fonctions le 24 décembre 2024. JOYEUX NOËL ! Eh bien, après de telles déclarations, nous étions bien partis ! Vous me direz « comme d’hab. ». Sauf qu’il est des habitudes qu’on aimerait bien voir changer. Avoir à la tête de son ministère une ribambelle de personnalités qui ne pensent qu’à leur gloriole sans jamais chercher à comprendre pourquoi, depuis 40 ans, ce qui faisait la fierté de la France et mettait sur le marché des études supérieures et du travail des jeunes bien formés à la tête bien pleine, ne produit désormais plus que des candidats aux allocations chômage, dont la tranche d’âge peine à s’insérer sur le marché de l’emploi, n’est pas ce que j’appelle une motivation à se lever le matin pour transmettre savoirs et connaissances à des groupes de jeunes adeptes de la duperie et de ChatGPT. Expérience vécue, et sanctionnée lors du dernier bac blanc dans mon établissement.

Alors oui, j’ose désormais écrire noir sur blanc la question suivante car elle devient cruciale : Qu’avons-nous fait, nous enseignants, à notre ministère pour qu’il nous traite si mal ?

Avant les vacances de Noël, les professeurs de langues ont appris, subrepticement que le Conseil supérieur des programmes travaillait à un nouveau programme pour les langues vivantes, concernant les classes de 6è, seconde, première et terminale. Mais enfin : à quoi cela sert-il ? Les élèves français sont mauvais en langues ? Ce n’est pas en changeant le programme – et au passage en gâchant les congés des professeurs qui vont devoir recréer tous leurs cours et toutes leurs progressions – que le niveau des élèves va progresser ! Non ! Les professeurs de langues vivantes ont déjà recréé toutes leurs progressions et tous leurs cours avec la réforme du lycée de 2019, il y a 6 ans à peine. Les élèves sont toujours aussi nuls en langues vivantes. Et il y a des raisons à cela. Permettez-moi de vous les énumérer :

  1. Ils ne mémorisent plus rien : aucun savoir, aucune connaissance ;

  2. Ils n’apprennent plus, ni ne comprennent plus la grammaire, ni la conjugaison, ni la syntaxe ;

  3. Ils n’apprennent plus le vocabulaire et son sens, et se contentent d’utiliser les pseudo-éléments de langage issus de la rue dont les célèbres « du coup », « de base », « genre », « en mode ». Vous devriez lire les mots français (ex : « repondissant » pour « rebondissant » ; « être renouvetés » pour « renouvelés » ; « exemble » pour « exemple » ; « différentes sortent de prix afin que tout le monde puissent » = extraits de 4 copies de seconde = 4 élèves) que je découvre actuellement dans les copies de compréhension orale anglaise (oui, parce qu’en France une compréhension orale de langue étrangère se rédige en français, je vous en passe et des plus savoureuses…)

  4. La grille d’évaluation des diverses « activités langagières » est rédigée de telle sorte qu’elle ne veut strictement rien dire et permet toutes les dérives de notations – forcément favorablement pour l’élève et ses parents…

  5. Les élèves ne lisent plus ni livres, ni articles de presse qui leur permettraient de développer un esprit critique. Ils se contentent de regarder des vidéos issues des divers réseaux sociaux, ou de faire défiler des pages de produits ;

  6. À la fin de l’année, quels que soient ses efforts et ses résultats, l’élève passera en classe supérieure, car tel est le dogme. Pas de redoublant, ruinant au passage la motivation de ceux dont les résultats prouvent un tant soit peu (vu le faible niveau d’exigence actuelle) l’investissement dans leurs études ; ceux-là finissent par comprendre qu’ils peuvent baisser le rythme et se permettre de flâner dans leurs apprentissages car eux aussi passeront en classe supérieure. Pas besoin de s’affoler, pas besoin d’apprendre, pas besoin de faire d’efforts, du moins pas autant, pas tout le temps… Et puis une faute d’accord sujet-verbe, ce n’est pas grave ! Mettre un « -s » à un verbe à la 3è personne du pluriel : pas grave , du moment qu’on a “l’idée du pluriel” ! Voilà les dogmes par lesquels notre ministère éduque et forme les enfants en France…

Vous voulez remédier au niveau des élèves français en constante et inéluctable perdition ? C’est simple ! « C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs soupes, » dit le dicton. Les vieilles recettes sont toujours les meilleures :

  • Revenons aux bons vieux principes d’avant le collège unique !

  • Exigeons de nos enfants qu’ils apprennent par cœur et appliquent,

  • Redonnons aux professeurs le « pouvoir » de donner des mauvaises notes sans que les parents puissent négocier ou dire quoi que ce soit. Le professeur sait !

  • Exigeons des professeurs qu’ils sanctionnent le travail non fait, pas appris, mal mis en application…

  • Un élève qui n’a pas acquis le niveau de connaissances d’une classe ne doit pas pouvoir passer en classe supérieure et doit se voir offrir soit un doublement, soit une ré orientation.

  • Retirons tous les écrans de l’école : téléphones portables et tablettes ! Tous des outils de destructions massives des jeunes cerveaux !

En bref, l’école n’est pas une colonie de vacances, et ne doit pas être considérée par les familles comme une garderie. L’école est – et doit – être considérée comme le lieu et le temps dans lesquels la société investit pour sa jeunesse – et l’investissement de la France (seul pays au monde où l’école est financée par l’impôt de ses citoyens) est énorme, et tout à son honneur.

Quant aux vacances, permettons aux professeurs qui s’escriment à développer l’esprit et les compétences des enfants, y compris en faisant ce que parfois certaines familles refusent de faire, c’est-à-dire éduquer,  de se reposer. Actuellement, nous sommes tous épuisés, et beaucoup au bord du burn-out. C’est un cri du coeur. Nous l’avons déjà écrit : à tous ceux qui pensent qu’enseigner est simple, FEEL FREE TO JOIN US ! Venez, nous vous accueillons, nous vous attendons ! Grâce à vous qui nous prouverez que notre métier n’est pas si compliqué ni difficile, nous aurons peut-être des classes moins surchargées. Venez , nous rêvons de vous !

Revenons aux nouveaux programmes de langues vivantes. J’aimerais ajouter deux choses.

La première concerne le nouveau programme d’anglais :

  • En seconde, axe 1 « Représentation de soi & rapport à autrui », objet d’étude 3 – La construction des canons de beauté des Préraphaélites aux beauty pageants > Sujet de l’agrégation d’anglais il y a 20 ans (environ ; une collègue l’a travaillé et a passé l’écrit…)

  • En seconde, axe 5 « Créer & recréer », Objet d’étude 1 – Evolution d’un mythe « Le cowboy » > Sujet de l’agrégation d’anglais il y a 4 ans (environ ; je le sais, j’ai travaillé le programme et passé l’écrit…)

Je vous fais grâce du reste mais il faudrait à n’en pas douter éplucher tout le projet pour découvrir d’autres perles savoureuses. Alors, je vous pose la question. Les élèves français sont nuls en langues vivantes ; et pourtant le projet du nouveau programme des langues vivantes pour la rentrée 2025 nous demande de travailler les programmes de l’agrégation d’anglais des années passées… Y a-t-il un pilote dans l’avion ? Y a-t-il un ministre à l’Hôtel de Rochechouart ? Certes oui… mais qui n’est pas un spécialiste des questions de l’éducation, c’est vrai. 

Et puis deuxième point, tel que je l’annonçais. J’ai découvert le 21 janvier 2025 dans ma boîte de courriel académique un message de l’inspecteur de langues en date du 10 janvier 2025, nous demandant de répondre à une enquête en ligne pour dire ce que nous pensions du projet des nouveaux programmes de langues vivantes. Oui, c’est mal de lire un message le 21 du mois quand il a été envoyé le 10. Jetez-moi la pierre ! J’aurais dû le lire le soir-même, après avoir fait cours toute la journée, préparé les sujets des bacs blancs, corrigé des copies illisibles et m’être occupé de ma famille. Où avais-je la tête ? Au passage, combien parmi vous, professeurs d’anglais ont lu ce mail ? Combien d’entre vous ont pu contribuer à ce petit sondage ? Pas moi en tous cas…  parce qu’il fallait y répondre avant le 17 janvier 2025. 

Alors, je conclurai ainsi. Quand on n’est si peu assuré que son projet de réforme des programmes sera accepté par ceux qui devront le mettre en œuvre à grands renforts de sacrifices (toujours au détriment du peu de vie privée qui leur reste), mieux vaut s’abstenir ! Ce n’est sans doute pas la bonne solution, c’est-à-dire pas celle attendue par ceux qui sont chargés de sa réalisation ni celle attendue par le pays.

Mais que pouvions-nous attendre d’un ministère dirigé par une Haut-fonctionnaire non spécialiste des questions d’éducation ? La boucle est bouclée. Nous sommes condamnés à voir sombrer le niveau des jeunes élèves français faute de décisions intelligentes prises par des gens compétents et experts en la matière. En reste-t-il encore en France ? Peu importe, la colère gronde et tout vient à point à qui sait attendre… Mais ça commence à être long !