PARENTS – ENSEIGNANTS
Par Véronique SAUVINET, membre du Bureau académique du SNALC Toulouse
Le cahier de texte a été numérisé : les parents peuvent savoir en temps réel ce qu’a fait leur enfantet ainsi contrôler l’enseignant.
Les rencontres entre parents et enseignants ont été multipliées et se terminent parfois très tard le soir, selon la « clientèle ». Les parents, entrés au conseil de classe, deviennent juges, eux qui sont en même temps parties. On les voit donner des satisfecit ou des blâmes sur les enseignements de tel ou tel collègue.
L’administration, enfin, témoigne très souvent de la plus grande des servilités envers les parents.
UNE DES CAUSES : UNE PROFONDE MODIFICATION DE LA CONCEPTION DE L’ENFANT
Une conception « rousseauiste » mal digérée a placé l’enfant au « centre » du système éducatif. Il arrive à l’école déjà plein de capacités et de qualités. Enseigner à un être aussi parfait revient uniquement à « le valoriser », jamais à le – sanctionner – et ce, depuis son premier jour à l’école.
L’enfant devient un prolongement de ses parents : il porte leurs espoirs, leurs frustrations. Il est leur vitrine et leur faire-valoir.
L’égalité a supprimé sa responsabilité. Le sort de l’élève qui travaille et de celui qui ne fait rien et perturbe toute une classe est à peu près le même : ils passent tous deux dans la classe supérieure. Aux yeux des élèves et de leur famille, rien n’est une question de mérite, tout est une question de « chance ».
MAIS L’ÉCOLE N’EST QUE LE REFLET DE LA SOCIÉTÉ
On retrouve à l’école la violence des relations sociales et l’exigence démesurée des citoyens « consommateurs d’école ».
L’Éducation nationale s’effondre, comme d’autres services publics. Mais comme elle touche à l’enfant, et à l’avenir de tout un pays elle suscite une frustration, une angoisse et un mépris sans mesure, qui prennent les enseignants pour boucs émissaires.
Comment s’étonner alors de l’épuisement et du désespoir des collègues ?