Davantage généralisés dans le second degré de par la nature et la taille des établissements, les ENT sont loin de relever d’une norme dans le premier degré. Pas encore obligatoires, ils sont avant tout des outils utilisés pour la classe ou pour l’école et généralement payants. De nos jours, de plus en plus de circonscriptions incitent à y avoir recours par école, et ce, parfois sous l’impulsion des municipalités, tentées d’y abonner toutes leurs écoles.
La notion de continuité pédagogique, apparue avec le Covid 19, le confinement et les fermetures de classes, n’implique en rien le recours obligatoire à un ENT. Même si chaque école doit désormais disposer de son plan de continuité pédagogique, pour « assurer la poursuite des apprentissages », la dimension numérique de ce plan évoque le recours possible à des ENT, mais également à des logiciels de vie scolaire, à ma classe à la maison et à de « bonnes pratiques numériques ».
Il existe un large choix d’ENT mais les équipes pédagogiques n’ont pas une volonté farouche d’y souscrire, échaudées par des retours d’expérience de leurs collègues du secondaire et par les dérives installées suite à la continuité pédagogique. En effet, pour chaque absence de leur enfant, des parents exigent désormais le travail à faire par mail ou à disposition sur l’ENT, dans la journée voire le dimanche, quand d’autres y expriment leurs divers mécontentements, avec agressivité.
Recourir à un ENT ne s’improvise pas, cela ne doit donc pas être imposé. Le site Eduscol en indique d’ailleurs le cadrage. Le directeur d’école est généralement le responsable des publications et la responsabilité de l’enseignant peut être engagée si un élève utilise ce vecteur pour envoyer des messages de harcèlement à des camarades.
Si votre école utilise un ENT, rappelez-vous que l’usage que vous en ferez vous appartient. Qu’ils soient de classe ou d’école, le SNALC recommande de se référer aux ENT conseillés par les ERUN (Enseignants pour les Ressources et les Usages Numériques), d’éviter la messagerie entre élèves et de continuer de recourir au cahier de textes ou de liaison en papier, qui lui, ne risque ni de renforcer la fracture numérique, ni de vous contacter un dimanche matin.
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1463 du 18 mars 2022