Amis des belles-lettres, bonjour ! Face au genre masculin trop déterminant, le genre féminin s’est trouvé à l’article… de la mort. Aussi “Les Précieuses radicales” revisitent-elles la langue de Molière. Quoiqu’il offense la grammaire, leur langage demeure châtré… euh… châtié. Inutile de voir le mâle partout ! Les adjectifs regorgent ici d’attributs féminins…
Voici LA recette facile, inratable, même par les plus nuls et pis têtes en l’air.
Ingrédients : des «e», à volonté. Ustensile : bannissez les poêles (ça fait mauvais genre), préférez le wok, vos « e » brouillés n’en seront que plus à point. Prudence : si vous les battez trop, gare aux hommelettes !
Pour éviter les prises de bec provocant des « e » pochés, quoi de mieux que des « e » à point pour une écriture égalitaire, épicène, surtout ? Afin de s’expliquer entre deux « e », le point médian n’est-il pas plus efficace que le point dans la figure ? Prendre la plume plutôt que de se voler dans les plumes ? Cette délicate calligraphie combat la littérature abusive des vieux satyres, mais qui sait : la querelle ne s’apaiserait-elle pas si un beau latin l’ovaire offrait à ces dames un bouquet d’«e» mimosa ?
Alors, que faire ? L’Institution nous le dit les yeux dans les «e» via la circulaire qui prohibe cette écriture i. L’usage d’un tel alphabêtisier vaudra-t-il à l’agent des points de suspension ? Penses-tu ! Encore faut-il le comprendre – et pour cela, on s’en remet à Gogol Traduction. Un peu de cette prose soporifique avant le coucher et vous dormirez à points fermés. Difficile à gober_? Bah! ce remake zézayant des Liaisons danzereuses passe tout seul avec un petit verre de pastiche, hic ! et nunc.
Que les lecteurs pointilleux me pardonnent les nombreuses coquilles dans ce court-brouillon qui mériterait, avouons-le, un zéro pointé. Mais «e» vous rassure : vous pourrez touzours compter sur le SNALC pour mettre les points… sur les « i » !
(i) BO n°18 du 6.5.2021
Article paru dans la revue du SNALC Quinzaine universitaire n°1466 du 10 juin 2022