Gabriel Attal a annoncé le 5 décembre dernier une série de réformes visant à « remettre de l’exigence » à l’école, au collège et au lycée, et plus particulièrement en donnant aux enseignants le dernier mot sur un sujet qui divise autant qu’il multiplie les débats : le redoublement. Ce volte-face a de quoi laisser perplexe, puisque ces mesures interviennent dans un contexte où des études montrent que le redoublement n’est pas une solution miracle pour lutter contre l’échec scolaire et le décrochage. C’est une équation à plusieurs inconnues : difficile de savoir à l’avance si le redoublement sera vécu comme un traumatisme ou une vraie seconde chance pour l’élève.
En parallèle, les résultats de la France sont parmi les plus bas jamais mesurés selon le dernier classement PISA ; force est de constater que faire passer en force les élèves dans la classe supérieure, peu importent les difficultés, n’est pas la panacée.
Depuis le décret n° 2014-1377 du 18 novembre 2014 relatif au suivi et à l’accompagnement pédagogique des élèves, le redoublement était devenu exceptionnel en France mais le décret n°2018-119 du 20 février 2018 relatif au redoublement avait infléchi la tendance. Ces changements de position de l’État français ressemblent à un numéro d’équilibriste sur un fil d’incertitude concernant l’efficacité et les effets du redoublement scolaire, et illustrent la complexité de son impact sur un parcours scolaire individuel autant que sur le système éducatif dans son entièreté, et la nécessité d’une réflexion approfondie sur les meilleures stratégies pour soutenir la réussite des élèves.
Bien au-delà de ce débat qui ne trouvera pas une réponse tranchée demain, le fait de remettre cette décision aux mains des équipes pédagogiques est une mesure saluée par le SNALC puisque c’est une reconnaissance du bon sens et du professionnalisme des équipes pédagogiques pour évaluer la nécessité ou non d’un redoublement et les bénéfices potentiels pour les cas particuliers.
Le redoublement n’est certes pas la solution idéale, mais c’est parfois nécessaire dans certaines situations pour ne pas laisser avancer dans le système scolaire des élèves avec des lacunes cumulées.
Le redoublement n’est qu’une petite partie visible des options à mettre en place pour permettre la réussite des élèves : des solutions alternatives crédibles et pérennes pour les élèves en difficulté ou en décrochage, la concrétisation de moyens pour améliorer le climat scolaire, une école inclusive bien-traitante avec des moyens humains et matériels cohérents, sont des points incontournables à traiter pour augmenter la réussite des élèves en France – ces solutions ne sont pas imputables à une politique biaisée d’économie budgétaire, ni applicables dans un contexte de pénurie de personnels, enseignants, AESH, etc…
Pour espérer avoir des effets palpables sur la réussite des élèves, il faut des enseignants plus nombreux, expérimentés et qualifiés pour pouvoir être plus attentifs aux élèves en difficulté et avec des effectifs convenables. Cela passe évidemment par une véritable revalorisation salariale et davantage de moyens sur le terrain, preuves de respect pour les enseignants et surtout pour les élèves.