La loi n’autorise en aucun cas à bizuter un étudiant ou un nouvel arrivant dans un nouvel emploi. C’est sans compter sur le refus de respecter la loi, qui trop souvent sévit dans la fonction publique et en particulier dans notre merveilleux ministère.
Alors que les candidats manquent cruellement aux concours de recrutement, on pratique un bizutage sans la moindre gêne sur les stagiaires, histoire visiblement de dégoûter ceux qui désirent encore faire notre beau métier.
Le SNALC privé est chaque année surpris et indigné de ce que vivent les stagiaires.
Dès les premières secondes, le ton est donné. La rentrée des stagiaires se fait en août sans la moindre rémunération. Des formateurs estiment qu’ « ils devraient être contents d’avoir une formation et un métier ! » tout en menaçant ceux qui ne viendraient pas de ne pas être titularisés à la fin de l’année. Loin de féliciter les lauréats, certains formateurs commencent leur travail de sape à la mode pédago : réussir un concours ne fait pas un bon professeur, le savoir est accessoire, si des élèves sont en difficulté, c’est à cause de ses professeurs, tout élève en difficulté a un handicap et il faut donc le surnoter. Il ne faut donc pas compter ses heures, travailler sans cesse et le prouver toute l’année par des travaux aussi pénibles qu’abscons, une année où la charge mentale est pourtant conséquente.
Le bizutage se poursuit au sein de l’établissement où des chefaillons (directeurs, adjoints, responsables de niveau…) veulent faire rentrer l’apprenti dans leur moule par tous les moyens possibles, notamment la menace à la non titularisation. Messe forcée, injonctions pédagogiques illégales, convocations intimidantes, obligation d’assister à des réunions non rémunérées. On traite le stagiaire comme un enfant rétif qu’il faut recadrer.
Les stagiaires sont en position de vulnérabilité comme les autres précaires car ils sont en leur pouvoir. Certains chefs et beaucoup d’inspecteurs jouissent de cette domination exercée sur ces jeunes ou moins jeunes en reconversion.
Le bizutage des stagiaires atteint un degré de raffinement certain lors de leur inspection. Point de bienveillance ici, pourtant exigée pour les élèves même quand ils insultent ou frappent, trichent ou volent. Le stagiaire doit avoir des yeux derrière la tête, faire mieux que l’inspecteur n’a jamais fait, lui qui a fui les classes en général, obéir à la marotte de l’inspecteur sans la connaître (travail en équipe, lutte contre le sexisme, oral, projets…). Les reproches sont les mêmes que pour n’importe quel collègue inspecté : d’aucune aide en général, déconnectés du réel, contradictoires et plutôt malveillants. En revanche, c’est le moment où l’inspecteur a un véritable pouvoir sur le destin d’un professeur, sans aucun contrôle. Des stagiaires nous ont contacté pour signaler des inspecteurs sans empathie face au stress et à la difficulté de l’année de stage et à la difficulté du métier, n’évoquant que des sujets sans rapport avec le cours, jugeant la personne et non son travail, cherchant à faire craquer ou à faire pleurer le stagiaire. Beaucoup n’aiment pas l’enseignement privé et ne se cachent même pas pour le dire !
Le SNALC est à vos côtés durant votre année de stage. Personne ne peut savoir que vous êtes syndiqués : faites-le sans crainte, pour bénéficier de nos conseils et de notre expérience et passer une bonne année de stage.