Comme dans le monde entrepreneurial et commercial, l’Education nationale cherche à satisfaire ses clients. Elle a donc radicalement revu ses méthodes et appliqué à la lettre cet axiome du marketing.
C’est pourquoi, élèves et parents sont des clients qui ont un droit de regard sur tout, exigeant et contestant à tout-va. Contenu des programmes, suggestions d’orientation, pédagogies mises en œuvre, sorties scolaires, punitions et sanctions, notation, repas à la cantine, rien ne leur échappe. En résulte une éducation à la carte, renforcée par l’injonction de la pédagogie différenciée. Nous entendons régulièrement « mon enfant ne fera pas la punition », « j’exige que mon enfant puisse refaire l’évaluation », « pourquoi avez-vous mis cette note ? » etc. Comme moyen de pression, ces clients n’hésitent pas à brandir la menace d’envoi de courriers – toujours plus fantaisistes – à notre hiérarchie.
Dans ce nouvel environnement moral, la pratique consumériste de l‘éducation et de ses espaces est encouragée. Les classes ne forment plus des groupes mais résultent de l’addition d’individualités à contenter. C’est déconnecté des missions traditionnellement assignées à l’école et qui permettait de faire société, de donner une expérience collective tout en inculquant à tous l’esprit critique et en portant chacun à un niveau supérieur d’humanité grâce au savoir. L’ambition attachée à des questions sociales et éducatives dépassant le simple cadre scolaire a donc été abandonnée.
Dans ce contexte, l’école française ne recherche plus l’excellence de ses élèves. On ne peut exiger grand-chose de ses clients-rois. L’école-entreprise a donc réduit les savoirs à un seuil minimaliste en les abaissant à un gloubi-boulga utilitariste. C’est ce qui explique la mise en place du socle commun au collège – et ses galimatias technocratiques que personne ne comprend- et l’évaluation par compétences. Dernièrement, la promotion forcenée des compétences psycho-sociales au détriment des connaissances va dans ce sens. Des matières jugées trop difficiles ou « élitistes » sont en voie d’extinction. Les sujets des examens nationaux sont tous les ans d’une confondante facilité, accompagnés de consignes de correction plus qu’accommodantes. C’est le prix de la paix sociale. Les élèves ne savent pas bien écrire, s’exprimer ni compter, ce n’est pas grave tant qu’ils sont contents avec leurs rutilants diplômes, complètement vides de contenu.
Le SNALC demande d’en finir avec l’école-entreprise. Parents et élèves ne sont pas des clients auxquels il faille se soumettre sans rien exiger. La véritable mission de l’école repose sur des postulats simples : exigence et persévérance, transmission de savoirs disciplinaires solides, vrais diplômes.